De et avec Sophie Letourneur (Fr, 1h12) avec Camille Genaud...
Sophie Letourneur va présenter au festival de Locarno son nouveau film. Elle y embarque ses comédiennes, chaudes comme la braise, pendant qu'elle ne rêve que d'une chose : coucher avec Louis Garrel, qui vient de son côté présenter La Meule. L'affaire est racontée quelques mois plus tard dans son salon, avec ces mêmes copines, créant des va-et-vient entre le récit rapporté et sa mise en images. Un dispositif qui rappelle Eustache pour une idée qui évoque Jacques Rozier. Soit. À l'arrivée, c'est un cas d'école en forme de désastre filmique.
Que des trentenaires se comportent comme des adolescentes, c'est déjà embarrassant. Que Locarno soit décrit comme un festival de sous-préfecture et l'été comme un morne automne, c'est cocasse. Que l'on y croise tout ce que la presse parisienne compte de critiques snobs venus faire un tour dans le nouveau film de leur copine, on dit adieu à la déontologie minimale et on comprend comment ce cinéma-là survit, en tuant à petit feu les journaux qui l'encensent. Mais le plus grave, c'est l'inanité totale du projet : en levant le voile sur l'arrière-cour du film d'auteur à la française, Letourneur ne fait que légitimer tout ce qu'on lui reproche, son égocentrisme, son côté clanique, son absence de regard sur le monde. Les Coquillettes est peut-être un grand film kamikaze, une bombe à retardement qui effacera définitivement ce nombrilisme avec du poil autour. On peut toujours rêver.
Christophe Chabert