De Marion Vernoux (Fr, 1h34) avec Fanny Ardant, Laurent Lafitte, Patrick Chesnais...
Au croisement de plusieurs opportunités qui sont aussi, sans doute, des opportunismes — la mode du film pour seniors, la possibilité d'offrir un vrai grand premier rôle à une actrice adulée par les lecteurs de Télérama — Les Beaux jours arrive assez miraculeusement à transformer tout cela en un film imparfait mais cohérent. Mieux : Marion Vernoux, qui met fin à un trop long break pour le grand écran, y développe avec une perspective nouvelle le thème qui travaillait son œuvre jusqu'ici, à savoir la vacance nécessaire pour vivre une histoire d'amour.
C'est parce qu'elle se retrouve prématurément à la retraite que Caroline peut passer son temps libre à tromper son mari avec un homme deux fois moins vieux qu'elle. Là encore, le film pourrait s'égarer dans une dissertation sociétale sur les cougars ; mais Vernoux ne généralise jamais, attachée à la dimension romanesque de son cinéma et à la singulière présence d'une Fanny Ardant magnifique de justesse. Surtout, en creux se dessine l'idée forte que le travail, le couple et plus globalement, les normes sociales sont autant de garde-fous qui musellent le désir et l'envie de liberté.
Loin d'être sans défaut — le personnage de Laurent Lafitte est plutôt mal dessiné, le dernier acte souffre d'un trop grand nombre de fausses fins — Les Beaux jours séduit tout de même par ses dialogues enlevés, son casting impeccable et ce léger parfum d'insolence qui est la marque de Marion Vernoux.
Christophe Chabert