Le mois de juin a été caractérisé par une prolifération inédite d'expositions estampillées neuvième art – pas loin d'une quinzaine. Rien d'anormal jusque-là, puisqu'à son mitan s'est tenue la huitième édition du Lyon BD Festival. Problème : la plupart, dont celle passionnante consacrée par la Fondation Bullukian à la bande dessinée argentine contemporaine, ont depuis été décrochées. Trois des plus remarquables sont toutefois encore visibles.
D'abord celle structurée autour de planches originales de l'Allemand Reinhard Kleist (au Goethe-Institut jusqu'au 24 juillet), fraîchement distingué par ledit festival pour Le Boxeur, terrifiante (et véridique) plongée dans l'enfer concentrationnaire sur les traces d'un jeune juif bagarreur prêt à tout pour retrouver sa fiancée. Ensuite celle qui décortique à coups de croquis et d'objets archéologiques Murena (à Saint-Romain-en-Gal jusqu'au 1er décembre), tortueuse fresque antique signée Jean Dufaux et Philippe Delaby.
Enfin et surtout celle marquant la fin prochaine de la résidence de Gilles Rochier au Rize (jusqu'au 15 septembre). Fin observateur de la vie en banlieue, l'auteur, primé à Angoulême pour Ta mère la pute – ou le récit, cru et tout en tension, d'une partie de sa jeunesse dans le Val-d'Oise – est allé durant la saison à la rencontre des bâtiments et habitants qui font Villeurbanne. Les portraits sur le vif et saynètes décalées qu'il a tirés de cette démarche, avant-goûts d'un album à paraître, valent largement une petite privation de soleil.
Benjamin Mialot