Après la réhabilitation spectaculaire des berges du Rhône en 2007, qui avait fortement contribué à sa réélection en 2008, Gérard Collomb présente aujourd'hui tout sourire l'aménagement de Rives de Saône... à six mois des élections municipales. Balade le long de cette rivière colonisée avec pertinence par de très grands plasticiens. Nadja Pobel
L'édile de Lyon jubile. «Nous construisons une ville de la douceur de vivre et du bien-être. En plus de sa puissance économique, Lyon est une ville où il fait bon habiter» déclare-t-il en présentant le projet des Rives de Saône, qui sera à n'en pas douter un de ses atouts pour briguer une troisième fois la mairie en mars. Car, loin de la bataille politique qui s'annonce, ces réalisations sur quinze kilomètres sont une réussite, même si tout n'est pas encore terminé, notamment entre le quai Saint-Vincent et Perrache, la faute à des crues particulièrement importantes cet hiver.
Le travail a en tout cas été mené avec une évidente cohérence par des maîtres d'œuvres à l'écoute de la faune et de la flore et des artistes qui ont su s'adapter aux spécificités du décor. Les inondations récurrentes figurant parmi ces contraintes, il fallait notamment que les œuvres puissent leur résister. Le fil rouge de ce travail artistique a pourtant été confié à Tadashi Kawamata, qui travaille le bois. Qu'à cela ne tienne, il a contourné le problème en perchant une cabane dans les arbres à Rochetaillée et en installant des belvédères et balcons à hauteur de la route.
Immergés
Les artistes retenus ont été conviés par Jérôme Sans, directeur artistique du projet depuis 2010, ancien directeur du Palais de Tokyo à Paris et co-commissaire de la Biennale d'Art Contemporain de Lyon en 2005, celle durant laquelle on pouvait se promener dans une salle remplie de ballons roses gonflés à l'hélium par Martin Creed. Une telle approche sensorielle guide la balade le long de la rivière, avec une invitation à se rapprocher de l'eau via un stupéfiant escalier sans pilier de Lang et Baumann, ou via l'installation de Jean-Michel Othoniel, réplique de celle dont il a gratifié la station de métro parisienne Palais Royal : une cloche en verre de Murano et en aluminium faisant ici face à trois lanternes plantées sur l'île Barbe.
Parfois, l'œuvre se pare d'une fonction de mobilier urbain (c'est le cas des séduisants Nouages de Pablo Reinoso, bancs en acier coulant comme des rubans de tissus) ou de jeu d'enfants (telle la météorite de Gentil Garçon), tandis que de plus modestes bancs, tables et transats en bois appellent à la lecture ou au pique-nique, faisant des rives un nouvel espace vert de la ville. À Fontaines, c'est carrément un sens giratoire routier qui a été détruit à cet effet ! Le piéton et la lenteur l'emporteraient sur la voiture et la hâte ? Bonne nouvelle, en attendant la suite des travaux (jusqu'au quai Tilsitt, à la fin de l'année) et ceux qui étendront le projet à la Confluence, au 9e arrondissement, à Albigny-sur-Saône, à l'Île Roy et à Neuville à l'horizon 2017-2018.