Gaffer Fest - De la chimie et du bruit

Gaffer Fest - De la chimie et du bruit
Gaffer fest 1

Le Périscope

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Franck Garcia, directeur du label de musique expérimentale Gaffer Records, souffle cette semaine au Périscope la quatrième bougie de son festival maison, le Gaffer Fest. L'occasion de revenir sur son activité de défricheur sonore.Térence Caron

Franck Garcia, alias Franck Gaffer, est un des acteurs importants, un pilier même, de la scène musicale underground lyonnaise. Organisateur de concerts (à Grrrnd Zero, au Sonic, au Périscope), batteur fou au sein de Sheik Anorak, guitariste crasseux chez Neige Morte, il est aussi le fondateur du label Gaffer Records, qui fait le bonheur des fans de musique expérimentale, violente, étrange, barrée, à Lyon et au-delà. Gaffer Records, c'est une histoire qui débute en 2004 sur un prétexte simple comme un larsen bien placé: «J'avais mon premier groupe sérieux, Socrates, un duo basse-batterie noise rock, et dix titres enregistrés. Au lieu de chercher pendant des semaines un label, on a décidé d'en créer un». Pour le nom Gaffer, l'anecdote est également de mise : «J'avais un pote anglais qui entrainait une équipe de foot, son surnom c'était Gaffer, on a monté le truc ensemble et on s'est dit que ça sonnait bien». Gaffer étant un homme occupé (petit boulots, projets musicaux variés), l'expérience aurait pu s'en tenir à l'auto-production, mais c'était sans compter les nombreux amis et «potes de potes» qui voguaient la même galère: «Notre deuxième sortie, c'était un split avec des potes, des groupes étrangers dans le genre screamo, Violent Breakfast, El Eje del Mal, Shooting Victor Francis. On a sorti ensuite leurs disques respectifs et d'autres projets de gens que je connaissais».

 

Déviances et découvertes

 

Une bouée de sauvetage qui ne tarde pas à changer de direction : «Au bout d'une dizaine d'albums, j'ai changé ma méthode et j'ai fais mes choix par rapport à la qualité des disques plutôt que pour rendre service. Maintenant, je signe des groupes dont j'aime la musique profondément, même si ce sont des connards !». Depuis, au cours de ses tournées avec Sheik Anorak, Neige Morte, Socrates, et ses nombreuses autres formations de musique déviante, il découvre et réussit à convaincre des groupes de rejoindre son écurie : «Je démarche les gens spontanément, quand je les croise ou par e-mail. Matt Gustavson, Police in love, d'anciens membres de The Ex, je les ai tous contactés comme ça». Des groupes au son difficile d'accès, mais le Lyonnais né à la Croix-Rousse ne se veut pas sectaire, lui qui aime basculer entre les genres : «Il y a une ligne artistique, mais elle n'est pas clairement définie. Je peux sortir un groupe de pop, mais il faut qu'il y ait cette dimension déviante, improvisée, noisy. En tout cas, je n'ai pas de préjugé et j'écoute tout ce que je reçois, ça me prend d'ailleurs beaucoup de temps».

 

Do it yourself


Du temps, le patron de Gaffer Records en a peu à la fin de sa semaine : en sus de son travail dans des laboratoires d'analyse (il est diplômé en biochimie et en anglais), il passe un DUT chimie en cours du soir, répète avec Neige Morte (noise metal), Kanine (free jazz), Sheik Anorak (solo math rock), et gère le pressage et la distribution des disques de ses artistes. Gaffer Records, c'est en fait l'histoire d'un seul homme : «Je n'ai pas de salarié, donc je dois tout faire. Je n'ai aucun accord avec des distributeurs, même s'il m'arrive de travailler avec des disquaires comme Le Souffle Continu à Paris ou Tiger à Oslo. Autrement, tout se passe par le site, je m'occupe de tous les envois par La Poste, et j'embarque un sac avec une grosse partie des références du label quand je vais en tournée». Et lorsqu'on lui demande s'il compte un jour gagner sa vie avec ce système, il décoche un sourire : «Pas du tout, c'est plus un gouffre qu'autre chose. Chaque mois je mets de coté une partie de ma paye pour le label. Mais l'important c'est que ça me passionne et ça fait dix ans que ça dure».

 

 

No Future ?


L'avenir, Gaffer le voit dans un label qui reste sûr de ses acquis et qui ne tente pas le diable avec trop d'ambition : «Je pourrais avoir une structure plus professionnelle, pour presser plus de disques, embaucher quelqu'un pour la distribution, mais je ne me fais aucune illusion. Ce type de musique n'intéresse pas le grand public et il me sera impossible d'en vivre». En toile de fond, il y a surtout sa volonté d'indépendance, qui reste le nerf de la guerre pour ce micro-label : «Je veux que ça reste authentique, pouvoir décider d'un jour à l'autre de sortir le vinyle d'un groupe que je viens de découvrir, sans avoir à rendre de comptes. Je ne veux pas perdre les pédales par rapport à ça». Une liberté qui lui permet de publier cet automne quatre nouveaux albums de groupes aussi atypiques que les Allemands noisy de Dead Neanderthals et les droneux suédois de KNYST!. La quatrième édition du Gaffer Fest (les 10, 11 et 12 octobre au Périscope) sera l'occasion de découvrir tout ce petit monde bruyant et défricheur.


Gaffer Fest
Au Périscope, les 10, 11 et 12 octobre

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