La Fête des Lumières, c'est d'abord une question d'image. Ce n'est pas Gérard Collomb qui nous contredira. Mais c'est aussi une question de son. La plupart des créateurs invités à présenter Lyon sous un nouvel éclairage ont malheureusement tendance à l'oublier, se contentant de diffuser dans des enceintes de médiocre qualité des musiques sommairement illustratives. Pas le styliste Jean-Charles de Castelbajac, qui a confié la mise en son de son «paradis perdu» à l'implacable Mr Nô – sorte de Gesaffelstein à capuche et d'ascendance auvergnate. Pas le designer berlinois Christopher Bauder, qui tapissera l'Hôtel de région de figures géométriques avec le concours du Concert de L'Hostel Dieu.
Et surtout pas Dolus & Dolus, collectif à cinq têtes (deux porteurs de projet et trois artistes numériques) qui présentera cette année l'installation la plus immersive : le LumiNon, une galerie d'une quinzaine de mètres au sein de laquelle, cernés de strates de bois de trois mètres de haut, les badauds seront invités à déambuler aux rythmes des variations d'intensité de centaines de LEDs – mises bout à bout, elles couvriraient une distance de près d'un kilomètre – et d'une musique mi-organique mi-industrielle. Cette structure architecturale qui semble douée de vie et peut, au prix d'une douzaine d'heures de montage et de réglages, accueillir (digérer ?) une cinquantaine de personnes, n'est toutefois pas l'accomplissement le plus significatif de ses concepteurs – en particulier parce qu'elle a été présentée pour la première fois en octobre à la Nuit Blanche de Bruxelles.
Il s'agit du Mirage Festival, dont la modeste première édition a parachevé en 2012 quatre ans d'activisme en faveur de «la création de demain» (jusqu'alors, Dolus & Dolus la promouvait dans le cadre de "simples" soirées). La prochaine se tiendra en février 2014 et, d'après ses organisateurs, elle sera d'une toute autre ampleur.
Benjamin Mialot
LumiNon par Dolus & Dolus
Place Colbert, Lyon 1er