De Gianfranco Rosi (It-Fr, 1h29) documentaire
À la dernière Mostra de Venise, Sacro GRA a obtenu un Lion d'or inattendu ; pour la première fois, un documentaire se retrouvait tout en haut du palmarès. Le sujet du film — une déambulation autour du périphérique romain à la rencontre de ceux qui y vivent et y travaillent — intensifiait la perplexité face à une telle décision. Celle-ci ne se dissipe pas une fois l'œuvre vue, tant Gianfranco Rosi se mure dans une radicalité un peu opaque, affichant sa neutralité en étendard — pas de voix-off, pas de trame narrative, juste la juxtaposition de vignettes et l'impression de tourner en rond comme les voitures sur ce fameux périphérique.
On y voit un homme qui creuse des trous dans des palmiers pour y écouter le fourmillement des insectes grouillant à l'intérieur, un bourgeois qui loue sa grande demeure pour y tourner un roman-photo, des prostituées vieillissantes, un ambulancier, les habitants d'une cité HLM... Des visions parfois fortes — le cadre unique sur les fenêtres de l'immeuble — parfois à la limite du racolage ou de l'esthétisation gratuite — le périph' sous la neige, les lumières des voitures perdues dans le flou de l'image — toutes fondues dans une démarche qui ne dépasse jamais l'impressionnisme cinématographique, un peu vain et, pour tout dire, un peu chiant.
Christophe Chabert