Un film de Gianfranco Rosi (It-Fr, 1h49) documentaire...
Quelques fragments de la vie ordinaire d'habitants de la petite île méditerranéenne de Lampedusa, où arrivent (échouent ?) les réfugiés en provenance d'Afrique du Nord ; le contraste saisissant entre l'insouciance des gamins de pêcheurs, les difficultés de leurs parents renonçant à affronter la mer par gros temps, et puis les migrants prêts à tout pour fuir la misère, y compris à braver les éléments...
En décernant l'Ours d'Or à Fuocoammare, le jury de la Berlinale a eu la certitude d'accomplir un “geste politique”, ce documentaire abordant un sujet d'actualité urticant. Sauf que le traitement choisi laisse, à tout le moins, perplexe. Rosi filme “l'omniprésente absence” des migrants pendant la majorité du temps, histoire de transformer en abstraction la catastrophe humanitaire, puis assène une séquence de sauvetage en filmant avec une crudité bien frontale des malheureux à l'agonie.
Un procédé des plus douteux mettant à mal l'éthique — mais pas l'esthétique, soignée avec un amour indécent. Empilant les saynètes tirées du quotidien, Rosi passe à côté de son sujet : il aurait dû faire du médecin de Lampedusa — le seul à être en permanence au contact des naufragés et des insulaires — le fil rouge de son film. Et davantage donner à entendre son humanité.