D'Amat Escalante (Mex-Fr, 1h45) avec Armando Espitia, Andrea Vergara...
Heli, ouvrier, mari, père, fils et frère modèle, va être entraîné dans une spirale de violence mettant en cause gangs et police, tout ça parce que sa sœur a eu le malheur de fréquenter un flic ripou acoquiné avec des trafiquants de drogue. Spirale de violence : c'est un doux euphémisme tant Amat Escalante ne lésine pas sur les images atroces — pendaison, torture à coups de bâtons avant immolation de testicules et, spéciale dédicace à Brigitte Bardot, chiot au cou brisé.
Pourtant, le film est plus intenable qu'insoutenable : Heli propose une sorte de version auteuriste d'un torture porn ou d'un rape and revenge movie, noyant le genre dans des séquences collées les unes aux autres comme des post-it interchangeables, où rien ne doit échapper au regard d'un cinéaste qui abolit le hors champ pour une complaisance évidente grossièrement déguisée en colère contre la société mexicaine. Preuve en est, dès qu'il peut faire un "beau" plan, il ne s'en prive pas, comme celui où le trajet d'une voiture épouse parfaitement les courbes d'une dune de sable au crépuscule... Escalante se regarde filmer et oublie de regarder ce qu'il filme : paradoxe absurde d'un film absolument malsain.
Christophe Chabert