Le récent trépas de Framboisier, le coureur permanenté qui tenait le micro des Musclés, est l'occasion de rappeler que sous leurs chemises criardes – à en décoller la rétine de Magnum lui-même – se cachaient de fieffés salopiots. Une chanson en particulier est révélatrice de leur méconnue gaillardise : Son petit chat, sérénade dont les tournures félines sont autant de sous-entendus vénériens.
Les rires des Bordelais de Cliché, énièmes ambassadeurs de la pop en français dans le texte dont bruissent les années 2010, ne se sont probablement jamais mêlés à ceux qui alourdissaient les frasques du backing band de Dorothée. Pas chat, le morceau qui clôt leur premier EP éponyme, sonnerait pourtant presque comme un hommage, s'il n'était aussi délicat et candide, dans son verbe («dans les pelages du monde, je plongerai mes doigts») comme dans sa partition (jeux de contraires vocaux à la Gainsbourg, patine burgalatienne et quelques miaulements chipés à Grandaddy).
Car chez Cliché – un nom qui est autant un pied-de-nez qu'un aveu – ce n'est pas dans le jus de merguez que l'on fraie, mais dans l'eau de rose, combustible raffiné de tubes (Hélicon>, comme si les blondinets de La Femme avaient passé plus de temps à écouter Mathieu Boogaerts qu'à sculpter leurs abdos) et ballades (En catimini, porté par des courants d'Air chauds) rétro trompeusement élémentaires et véritablement attachants. Pas de quoi réveiller les morts, mais de quoi adoucir les moeurs.
Benjamin Mialot
Cliché [+ The Wise Dude's Revolver]
Au Kraspek Myzik samedi 17 janvier
Dans le cadre du festival Plug & Play