Une jolie pancarte Leroy-Merlin accrochée sur ses grilles ne laissait plus trop planer le doute ces derniers jours, mais il aura fallu attendre sagement que Thierry Frémaux s'entretienne avec nos confrères du Progrès et de Tribune de Lyon pour que l'affaire soit désormais officielle : oui, l'Institut Lumière va rouvrir La Fourmi, mythique salle de seconde exclusivité fermée il y a trois ans par son ancien propriétaire qui, à l'époque, nous l'avait annoncé par un simple coup de fil un lundi matin, en lieu et place de son tout aussi mythique «Bonjour, c'est La Fourmi, vous avez reçu nos programmes ?».
Même si l'arrivée dans l'exploitation commerciale de la Cinémathèque de la Rue du Premier film et de son directeur, par ailleurs délégué général du Festival de Cannes, laisse à penser que l'ambition du cinéma sera, après son ouverture prévue début 2015, autrement moins artisanale, le projet reste modeste : de «l'art et essai pointu», du cinéma de «patrimoine» et des films en continuation pour freiner le turnover des sorties qui en chassent d'autres tous les mercredis, le tout dans trois salles rénovées — accessibilité et projection numérique — mais dont les jauges sont très loin de celles des multiplexes. En revanche, l'Institut garantit cinq séances par jour et une ouverture 365 jours par an, soit un notable changement de rythme par rapport aux mœurs de La Fourmi ancienne manière.
Que les abonnés à Je paie trop de charges magazine soient rassurés, Thierry Frémaux a promis que pas un sesterce d'argent public n'irait dans ce projet purement privé, financé par du mécénat, un emprunt et les fonds propres de l'Institut. En revanche, cette nouvelle enseigne n'est peut-être pas la dernière, puisque Lumière a en tête un nouveau musée du côté de Monplaisir, une deuxième salle pour l'Institut, une librairie cinéma en centre ville, de nouveaux rendez-vous réguliers rue du Premier film... À suivre, donc — mais d'abord, time out le temps du festival Lumière et de ses films !
Christophe Chabert