Se mettre en mouvement, est-ce forcément changer, se confronter à l'altérité ? Telle est l'une des questions essentielles de notre époque où l'on peut se déplacer à toute allure d'une ville à l'autre sans être dépaysés, encore moins métamorphosés. La jeune commissaire d'exposition Veronica Valentini tente à la BF15 de renouer avec cette belle expérience décrite par Hugues Bazin : «Favoriser le mouvement (ne pas confondre mouvement et rapidité), c'est instaurer un autre rapport au temps de l'expérience où le chemin se dessine en marchant, où l'expérience, en particulier celle de la rencontre, est plus importante que la destination du voyage.»
Elle a ainsi invité une poignée de jeunes artistes dans le centre d'art lyonnais afin qu'ils le transforment en «lieu de travail et de sociabilité». Camille Bondon (née en 1987 à Lyon), par exemple, a établi un dispositif où la responsable de la BF15 tire chaque jour trois cartes au sort et les reproduit à la craie sur un tableau, comme une sorte d'horoscope ésotérique quotidien.
Julie C. Fortier (diplômée en parfumerie, née en 1973) propose elle au visiteur de répandre un parfum visant à changer notre perception de l'espace.
Florence Doléac (née en 1968) invite le public à s'asseoir sur d'étranges fauteuils noirs à l'aspect sphérique. Autant de propositions sympathiques et modestes, pour ne pas dire minimalistes, qui donnent à l'ensemble une certaine atmosphère singulière.
Jean-Emmanuel Denave
The air was full of anticipation
À la BF15 jusqu'au 25 juillet