Logiquement annulée pour cause d'attentats et de trauma national, la Fête des lumières a été remise aux calendes 2016. Reste l'œuvre de Daniel Knipper et un hommage aux victimes, le temps d'un retour à une tradition des lumignons qu'on espère plus que jamais empreinte de laïcité.
Au Petit Bulletin, la raison qui nous pousse chaque année à accorder une large place à la Fête des Lumières est artistique. Point d'étude des taux de remplissage des hôtels locaux. Juste des créateurs et leur potentiel, souvent immense, à inventer des spectacles de haute tenue. Il n'en sera rien cette année. Mais comment aurait-il pu en être autrement ?
Jeudi 19 novembre, moins de six jours après les attentats de Paris, au lendemain de l'assaut à Saint-Denis, toutes les instances de Lyon et la préfecture ont en effet dit «non». La Fête des Lumières 2015 n'aura pas lieu et sera reconduite à l'identique l'année prochaine. Parce que la décence et le recueillement sont plus appropriés à cette période sombre que des déambulations festives. Mais surtout parce qu'il était, selon Michel Delpuech, préfet de Rhône-Alpes et du Rhône, impossible d'assurer correctement la sécurité des trois millions de badauds attendus, en raison notamment de la COP 21 qui, se déroulant au même moment à Paris, monopolise les forces vives de la nation.
Au-delà de la menace, la crainte étant grande que le moindre pétard déclenche des mouvements de foule. «Renoncer à cette Fête n'est pas donner raison aux terroristes mais agir en responsables» a précisé Gérard Collomb qui, en introduction, s'est montré très martial, déclarant que «face à cette déclaration de guerre, nous souhaitons manifester l'esprit de résistance qui nous anime».
Tous aux bougies
C'est donc un hommage aux victimes qui sera rendu ce mardi 8 décembre, l'édile encourageant fortement ses administrés à allumer des lumignons à leurs fenêtres. Un retour aux traditions (catholiques) appuyé par la distribution gratuite (dans les écoles) et la vente (aux profits de Rêves et de l'Association Française des Victimes du Terrorisme) de 200 000 lumignons.
Des 70 installations prévues, seule subsiste celle de Daniel Knipper sur la colline de Fourvière. Habitué de la Fête, il a maquillé à plusieurs reprises la cathédrale Saint-Jean, illuminé la façade des Célestins l'an dernier et recouvert cette même colline de peintures de Miro ou Mondrian en 2002. Cette fois, ce sont des détails d'œuvres de Botticelli, Matisse ou Warhol figurant des Regards qu'il projettera, les constellant des prénoms des 130 disparus. De facture classique, le travail de Knipper est de facto adapté à la simplicité et la sobriété qu'impose cette situation exceptionnelle.
Regards
Sur la colline de Fourvière mardi 8 décembre de 18h à minuit