Comment raconter Pinocchio sans marionnette ? Avec les deux éléments-clés de son éthymologie, rappelée par le metteur en scène et acteur Didier Galas : le pin (pino) et l'œil (occhio), synthétisés ici par une cabane ajourée. Elle sert de refuge au petit personnage qui, devenu chair, relate les aventures insensées qui ont précédé : l'attaque par le chat et le renard, sa transformation en âne, son engloutissement par la baleine....
Réfutant tout réalisme, Didier Galas mise sur son talent de conteur et invente une situation nouvelle : le théâtre est en fait la salle d'attente du salon de coiffure dans le lequel officie l'ancien pantin. Repenti, il a accédé à un métier moins merveilleux que sa vie passée, mais bien moins destructeur aussi.
On est loin de la créativité débordante dont avait faire preuve Joël Pommerat pour restituer cette histoire universelle. L'exercice que propose Galas est radicalement différent puisqu'il fait de son jeu l'axe majeur de son spectacle. Avec agilité et gouaille, il donne un tempo relevé à cette heure de récit (dès 7 ans), n'hésitant pas à interpeller son public et à jouer (malheureusement un peu trop) avec la capacité magique des arts de la scène à dilater le temps et l'espace – ainsi nous fait-il, par exemple, patienter quelques minutes pour témoigner d'une attente de trois mois.
Une création simple mais inédite, que ce compagnon de longue date de Christian Schiaretti – ils ont notamment travaillé sur Ahmed le subtil de Badiou – ponctue en prime d'une très belle et très forte image de fin qui vaut tous les flots de paroles.
La Vérité sur Pinocchio
Au TNP jusqu'au jeudi 31 décembre