Romeo Castellucci s'engage corps et âme dans la bataille. Et forcément, parfois, ça grince. Sur le concept du visage du fils de Dieu, présenté à Avignon et surtout au Théâtre de la Ville à Paris à l'automne 2011, en fit les frais. Le portrait du Christ est l'élément central du décor. A Avignon, on vit quelques spectateurs s'agenouiller pour prier devant le théâtre. L'institut Civitas commença à s'indigner, suivi par l'église de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, où se réunissent les adeptes de la pensée intégriste de la fraternité Saint-Pie X.
Tout resta calme avant le début des représentations à Paris : là des manifestants issus de l'intégrisme chrétien et de l'extrême droite, en possession de places pour certains, s'en prirent aux spectateurs, jetant oeufs, boules puantes, huile de vidange, montèrent sur scène pour réciter des cantiques.
La police a dû protéger les représentations. 32 catholiques intégristes furent finalement condamnés en juin 2013, écopant d'amendes de 200 à 2000 euros. Ce spectacle était jugé blasphématoire par les seuls chrétiens de France (à Rome, le spectacle fut donné dans le calme) à cause des dernières minutes de la représentation, où le visage géant du Christ semble souillé par des excréments, ce que dément Castellucci : « Je dois le dire avec clarté - il est complètement faux qu'on salisse le visage du Christ avec les excréments dans le spectacle. Ceux qui ont assisté à la représentation ont pu voir la coulée finale d'un voile d'encre noir, descendant sur le tableau tel un suaire nocturne. » écrivit l'auteur à l'époque des faits. SB