Restaurant / Une trattoria new look et la table d'un hôtel : les deux endroits les plus prisés de cette rentrée pour déjeuner sont à la Guill'.
Le quartier de la Guillotière ? Un « véritable Molenbeek » nous annonçait le mois dernier le mensuel lyonnais Lyon Capitale, via l'interview effarante d'un "expert" qui se révélera auteur réactionnaire adulé par la fachosphère. Dans la foulée, l'on entreprit avec circonspection de remonter la rue Montesquieu, qui a le malheur (ou pas) d'être l'un des principaux axes Est-Ouest de la Guill'. Pour constater que si molenbeekisation il y a, elle ne met pas un frein à la branchitude accélérée, dont le niveau se mesure au nombre d'épiceries biosympa, de cabinets de design et de restos à la mode.
Au n°36 de cette rue, vient d'être inauguré un lieu hybride, mi-hôtel mi-auberge de jeunesse, dont le premier niveau accueille un café-restaurant et bientôt des concerts. L'équipe du ho36 a rénové un ancien hôtel en voie de décrépitude, derrière Saint-André, et a eu le bon goût d'en conserver la façade quelconque et l'énorme enseigne. Le rez-de-chaussée a les murs tous nus, sous un plafond noir à projos, et un mobilier joliment dépareillé.
On y propose une carte de bistrot pour trentenaires, exécutée par de jeunes cuistots tatoués-piercés : steak et purée de patates douces, rafraichissant taboulé de chou-fleur (le légume râpé remplaçant la graine), riquiqui tartine de poire, noisettes et manchego, carrot cake importé du coin de la rue. À arroser de ballons de vin nature (Raisins libres de Paul-Henri Thillardon en beaujolais ; Petit ours blanc ou brun de Barret en Côtes du Rhône).
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Mais le buzz de la rentrée concerne le n°122 de cette même rue. Où une trattoria, Veronatuti, a su se parer de beaux atours attrape-foodies. Tous les gimmicks déco de resto y passent : éternels murs blancs, bois clairs, grand zinc, ampoules à filaments, longue banquette sans dossier, remplacé par des coussins bariolés. La touche "perso" consiste en des œuvres Photoshop, inspirées par les clichés italiens (et produites par un "créateur de sens"...).
Mais et l'assiette, alors ? Au menu du midi, on a pu trouver ces dernières semaines : des beignets de jeunes courgettes en fleur, en cocon ultra-fin ; une bruschetta au robuste concassé de tomate froid ; des cannellonnis frais farcis d'épinards ; des boulettes de porc et de veau, roulées dans une sauce tomate maison... En dessert, une glace à la fior di latte, accompagnée d'un terrible sablé à la polenta blanche et noisettes, de mûres ou de figues et d'un trait de vinaigre balsamique.
Une cuisine plutôt trad'italienne que mode, donc : classique, jonglant avec les plats cultes de différentes régions de la botte. C'est Benjamin, ancien de Tartufo (dans le 2e), qui roule les gnocchis ou les arancinis, lamine la pâte à pâtes, plie les cappellacci, seul dans sa cuisine et en direct sur Instagram. Ça donne des assiettes simples et chaleureuses, un peu attiédies par le décor et les tarifs (22€ le midi).
Enfin, côté vin on devra se contenter d'un choix limité. Des rouges parkerisés, parmi lesquels un Canonico Salento de Cantine Due Palme (5€ le verre) ou un Nobile di Montepulciano de Poliziano (49€). En blanc, à noter, un Grillo sicilien de Vigneti Zabu (5€ le verre).
Veronatuti
122 rue Montesquieu, 7e
Tél : 04 37 66 16 22
Du lundi au vendredi midi ; du jeudi au samedi soir
Menu 22€ le midi, 28€ le soir
Ho36
36 rue Montesquieu, 7e
Tel : 04 37 70 17 03
Tous les jours non stop du matin au soir
Brunch jusqu'à 15h le week-end
Entrée, dessert 5€ ; plat de 7, 5 à 12€
Lit en dortoir 25€, chambre double 69€