Tendance / « Inspirant », « génial » et « révolutionnaire ». Les articles sur les before work, ce nouveau concept qui consiste à se lever plus tôt pour faire la fête, du yoga ou simplement bruncher avant d'aller travailler, sont enthousiastes. Nous, un peu moins. On a testé celui du She Is Morning le 29 avril dernier, entièrement dédié aux femmes souhaitant « voir le matin d'une autre façon. » Le prochain aura lieu fin octobre.
5h45. Le réveil sonne. Après avoir enfilé son café et avalé son jogging, on enfile son jogging et on avale son café, on dévale les escaliers, on croise son voisin qui rentre de soirée, on court après le tram, on reprend son souffle dans une rame quasi-vide, on (re)jette un œil au programme — petit-déj sain, ateliers détente — qui donne rendez-vous de 6h30 à 9h30 « à toutes les femmes qui veulent oser un réveil dynamique, sain, fun, et commencer leur journée inspirées, relaxées et surboostées ! ». A priori, c'est mal parti, on est déjà en nage et on a raté l'arrêt.
6h25. Une quinzaine de femmes en leggings sont déjà sur place, un thé détox dans une main, une pâtisserie sans gluten dans l'autre. Une DJ mixe (trop fort). Tout le monde a l'air heureux. On se croirait dans une immense pièce de théâtre, on cherche la caméra cachée par son rédacteur en chef, en vain. A priori, tout le monde est là de son propre chef. On demande à l'une des organisatrices si le concept est adapté aux mamans. « Oui, elles peuvent laisser leur enfant à leur mari ». Ok, et quand elles n'en n'ont pas ? « À leurs parents, ou grands-parents, il y a toujours quelqu'un pour garder votre enfant ! ». Ok. Le ton est donné.
6h30. Charlotte Pignal, fondatrice de She Is Morning, monte sur une chaise, se présente, nous informe que « c'est hyper courageux d'être là » et qu'on est « extraordinaires ». Elle précise le programme : quatre ateliers de 30-40 minutes ponctués de pauses sans gluten. On saura à la fin que l'on a le temps de ne participer qu'à trois ateliers parmi ceux proposés (yoga, sophrologie, autohypnose, et « moins cogiter = plus d'énergie »).
7h. On débute avec l'atelier sophrologie, on apprend à détendre son "triangle de vigilance" (la nuque), on alterne exercices de concentration et "pompages" (lever d'épaules) pour libérer les tensions. Ça fonctionne, malgré les clics assidus de la photographe et la DJ qui mixe décidemment bien trop fort.
8h. Après avoir picoré des baies de goji et échangé avec les autres participantes sur le concept — certaines ont pris des RTT pour assister à l'événement —, on décide de tester l'atelier d'autohypnose. La coach Christel, qui pratique « une approche humaniste de la discipline », nous convainc de notre capacité naturelle à « l'auto bien-être » : on a réussi à faire abstraction de la musique et on se détend vraiment.
9h. Un fromage blanc orné de Granolas et d'amandes dans le gosier, on file à l'atelier « moins cogiter = plus d'énergie ». La coach est spécialiste en « Communication Relationnelle et Mécanismes humains ». Elle distribue une ficelle à chaque participante en demandant d'effectuer des nœuds (sous-entendu un nœud = un problème), puis fait un tour de table afin de nous « analyser ». Vient notre tour. Nous avons décidé de laisser la ficelle vierge. Malheur. « Tu devrais prendre du recul » assène la coach. Ah. Ok. Ne pas faire de nœud = du mal à se remettre en question. Méprisant, condescendant, moralisateur, jugeant. Tout ce qu'on aime.
9h30. Fin du before work. Résultat des courses : les tensions relâchées au premier atelier se sont amplifiées au dernier, on n'a toujours pas trouvé la caméra cachée et on prendrait bien l'apéro, histoire de décompresser.
She is morning
Prochaine édition : le 27 ou le 28 octobre, date et lieu en cours d'actualisation sur le site.
Tarif : 32 euros