Pas de chance pour Patrice : il a marché sur un sac-la-mort, un de ces porte-malheur vaudous qui traînent sur les routes de La Réunion. Et voilà que tout semble se détraquer pour lui : famille, maison... Niveau amour et argent, ce n'était déjà pas florissant ; restent le rhum et les copains. Et encore !
Emmanuel Parraud arpente ici le territoire du cinéma-vérité tel que le pratiquait Jean Rouch pour ce film élaboré en compagnie de ses interprètes — pour la plupart non-professionnels. S'il s'agit bien d'une fiction, elle est fortement “documentarisante”, montrant de l'île toutes les problématiques (la dépendance quasi-atavique à l'alcool de canne et la violence subséquente ; la sujétion à la Métropole, Eldorado sublimé par les insulaires, etc.), en maintenant quelques parenthèses d'humour absurde ou noir au milieu d'un cadre globalement dramatique.
Il n'empêche que le caractère vernaculaire, pour ne pas dire folklorique, du film peut constituer un frein pour les spectateurs ne goûtant guère les palabres enivrés, les transes ensorcelées ni la superstition.