Ayant grandi dans une famille d'origine pakistanaise parfaitement intégrée en Belgique, Zahira a une vie de lycéenne classique. Jusqu'à ce qu'elle apprenne ses prochaines noces avec un inconnu au pays, au nom de la coutume. Si elle se dérobe, le déshonneur sera pour les siens, lui dit-on...
L'histoire de Zahira n'a rien d'un cas d'école, puisque Stephan Streker s'est nourri d'(au moins) un fait divers tragique. Les mariages arrangés sont encore communément pratiqués, justifiés à la fois par la tradition et la supposée stabilité des unions ainsi contractées — des arguments équivoques, puisque la pression communautaire et la peur du qu'en-dira-t-on entretiennent artificiellement cette prétendue stabilité, dissuadant les rebelles de sortir de ce cercle vicieux. Sauf s'ils sont prêts à couper tout lien avec leur famille, et à porter la responsabilité de sa disgrâce.
C'est à ce douloureux cas de conscience que Zahira se trouve confrontée, qu'elle n'a pas la liberté de trancher seule. L'intimidation, la tromperie et la lâcheté de ses proches auront raison de son avenir, dans le temps que ses amis se révèleront incapables de l'aider. Maniant un sujet épineux avec l'objectivité requise et sans arrière-pensée xénophobe, l'exemplaire Noces surclasse le décoratif Rendez-vous à Brick Lane (2007) de Sarah Gavron effleurant le même thème.