«Aussi sûr que le fils du pauvre n'épousera pas la jeune bourgeoise» s'égosillait la semaine dernière Justin(e) sur la scène de La Marquise. N'en déplaise à nos chouchous du punk à crampons, de tels mariages de déraison ne sont pas nécessairement voués à l'échec. Ainsi de celui de Sole et DJ Pain 1. Le premier, MC au flow de lanceur d'alerte (i.e. professoral et hargneux) et à la discographie aussi tentaculaire et fuyante que le label.anticon, dont il fut l'un des huit fondateurs, est depuis le milieu des années 90 l'une des icônes du hip hop indépendant. Le second est un DJ et producteur au toucher de Midas, dont ont bénéficié aussi bien des cliques à la street credibility établie (Public Enemy) que des solitaires aux dents qui rayent le trottoir (50 Cent). Sur le papier, nonobstant le passif pour le moins aventureux de Sole – le souvenir de son Skyrider Band suffit à nous électrifier les cheveux – rien ne laissait donc présager que ces deux-là se passeraient la chevalière au doigt. Et pourtant, c'est l'été dernier que leur union fut consommée. Ou plutôt consumée. Car sous leurs airs de compromis, l'album et l'EP dont le duo a accouché sont de vrais disques de rap forward-thinking, impitoyables dans leurs propos (Fuck Google et son clip façon keynote, l'explicite Hey Liberals) et capricieux dans leur forme (des étincelles trap sur le parodique Baghdad Shake, des flambées de guitare pour l'apocalyptique Old Gods Are Dead), qui trouveront leur place sur les tables de chevet des fans de Sage Francis et Rage Against the Machine. Et de Sole donc, qui porte ici la culotte aussi bien que le keffieh.
Benjamin Mialot
Sole & DJ Pain 1 [+ Ancient Mith + Blindspot]
Au Périscope, mardi 28 octobre