Ô combien précieuse est la place de Jean Rouch (1917-2004) dans le panthéon de la cinématographie mondiale ! Car justement, il fut l'un des premiers auteurs depuis les Lumière à user de la caméra pour apporter le monde entier à un Occident méconnaissant la réalité des sociétés humaines vivant au-delà de ses frontières. Porté par une curiosité fraternelle et un inépuisable humanisme, cet ethnologue impressionna plus que des pellicules : les Jeunes-Turcs des Cahiers du Cinéma firent grand cas de ses expérimentations dans Moi, un Noir (1958), qu'il tourna dégagé de toutes contraintes de studio, sans son direct et avec un magasin n'autorisant à peine plus de deux minutes de prises de vues en 16mm.
Depuis 1982 au Musée de l'Homme, un festival portant son nom rend hommage à ce précurseur de l'ethnographie documentaire ; il fait aujourd'hui escale au Musée des Confluences, histoire de “partager le monde” un peu plus. À tout seigneur, tout honneur : le programme s'ouvre par un hommage au maître avec des classiques comme Les Maîtres fous (1954) pour se mettre en transe ou La Chasse au lion à l'arc (1965) où les bergers ont des airs de Sysiphe face au prédateur-roi. Puis vient une sélection d'œuvres récompensées par le Prix Anthropologie et développement durable, avant de retrouver un florilège de sa 35e édition — soit quatre films Les Combattants du poil sacré, I Am the Blues, A Walnut Tree et L'Arbre sans fruit. Ce dernier, signé par la Nigériane Aicha Macky présente la particularité d'être une coproduction lyonnaise (Lyon Capitale TV) et d'avoir été monté à Lyon. Un retour aux racines, en somme...
Festival Jean Rouch
Au Musée des Confluences du 21 au 23 avril