de Ivo M. Ferreira (Por, 1h45) avec Miguel Nunes, Margarida Vila-Nova, Ricardo Pereira...
1973. Envoyé sur le front angolais pour plusieurs mois, un jeune médecin portugais entame avec son épouse un long échange épistolaire. Racontant tout de la guerre, de ses espérances, de l'attente, ses courriers maintiennent le lien ténu entre eux, que la géographie eût pu distendre...
Il s'agit là clairement d'un film à deux voix. Pas seulement parce qu'il consiste en un dialogue entre les deux épistoliers, chacun(e) lisant en off les missives qu'il (elle) reçoit de son (sa) correspondant(e) — l'épouse étant plus souvent destinataire, son timbre nous accompagne le plus clair du temps. Mais aussi parce qu'à ce récitatif vocal s'ajoute une autre mélodie : les images. Leur somptuosité rare (prodigieux noir et blanc de João Ribeiro) n'est pas qu'une belle “enveloppe” pour les mots du soldat : elle leur apporte, à la manière des films de Malick (en moins élaboré, tout de même) autant de compléments visuels que de digressions.
En s'unissant, sons et images offrent en sus de la représentation intime de la guerre vécue par le soldat, sa part de non-dits et celle de ses fantasmes. L'objet en résultant, d'une beauté terrible et languide, n'a pas fini de vous posséder.