"Betroffenheit" est un mot allemand que l'on pourrait traduire approximativement par "état de choc" ou "trauma". Ce titre annonce avec fracas la substance émotionnelle d'un véritable trip chorégraphique pour six interprètes, entremêlant danse, théâtre et puissants effets visuels et sonores.
La chorégraphe canadienne Crystal Pite y explore un état psychique et physique où le langage habituel n'a plus cours, où l'esprit et le corps sont livrés à des images et à des sons s'adressant quasi directement au système nerveux (ce que cherchait par exemple Antonin Artaud dans ses textes poétiques).
Et la danse n'est jamais aussi passionnante que lorsqu'elle parvient à donner à partager une expérience sans passer par la narration, la psychologie classique, la syntaxe. Paradoxalement, Crystal Pite (née en 1970) a travaillé pour cette pièce avec un écrivain (et danseur-interprète ici), le dramaturge Jonathon Young. C'est sa propre histoire, son propre trauma halluciné, qui est au départ de la création, déconstruite et métamorphosée par la danse-théâtre de Crystal Pite.
L'ancienne danseuse de William Forsythe l'élève à l'universel en la traduisant en ces émotions qui nous traversent tous : la souffrance, le désarroi, la résistance, le conflit intérieur entre des forces contradictoires...
Crystal Pite, Betroffenheit
À la Maison de la Danse les 10 et 11 mai