Restaurant / Entre le Palais de Justice et la place Guichard, s'installe un chic resto maritime. Au programme : déco indus', assiettes japonisées et service au cordeau.
Gaby Didonna s'est fait connaître aux manettes d'Imouto, dans le 7e arrondissement. Tant pour sa cuisine franco-asiatique (fusion, aurait-on dit dans les 90's) que pour le rapport qualité/prix de son menu déjeuner. À l'ouverture, en 2013, celui-ci ne coûtait que 16, 50€. Depuis, il devient (chez Imouto comme ailleurs) de plus en plus difficile de se payer un repas chiadé avec un billet bleu.
Didonna étend aujourd'hui son terrain de jeu : son nouvel établissement se nomme Ani, ce qui signifie "l'ainé" en japonais (Imouto étant la "petite sœur" et Otōto, son bistrot, le "petit frère"). Si ses deux autres restos sont situés rue Pasteur (non loin de l'affaire de la mère de Gaby : la Jonque d'Or, fameux vietnamien), ce nouveau rejeton se risque hors du quartier familial...
La déco d'Imouto avait de quoi surprendre, au beau milieu de la Guillotière, avec son intérieur clair, ses troncs d'arbres et son plafond ondulant, signé Xavier Vigne. Didonna aime les contre-pieds, puisqu'il pose cette fois-ci, presqu'en face du Palais de Justice, un genre de squatt berlinois. L'intérieur d'Ani ressemble à un chantier abandonné par ses investisseurs : murs grattés, enduits encore accrochés aux pierres apparentes, vieux compteurs électriques, meubles en planches brutes à peine poncées, et plafond de parking souterrain. Une fausse nonchalance contrebalancée par le service, et les arts de la table. Ici, le pain est déposé à la pince, les couverts Christofle sont remplacés entre chaque plat, l'assiette de présentation est signée Bernardaud, et on n'oublie jamais les glaçons dans le verre d'eau (du réseau). Les serveurs en habits noirs sont aux p'tits soins, sous la houlette du directeur Pascal Polturat, qui de son côté assure l'art désuet de la découpe en salle de la poiscaille.
Car chez Ani, il est surtout question de poissons. Dans la formule du déjeuner (23€), on le retrouve nipponisé. Ainsi, en entrée, la bonite (cousine du thon, en flocons) parsème une Okonomyaki (crêpe japonaise) aux crevettes et chou rouge. Ensuite, le cabillaud est transformé en un mix de brandade et korokke (des croquettes de patates). On le retrouve mêlé à des pommes de terre écrasées, du gingembre, formé en boule, puis pané au panko et enfin frit. Ce qui lui donne une allure de glace Mystère - avec un chapeau de haddock (pas le capitaine).
Pour retrouver le poisson tel qu'il est le meilleur (dans son plus simple appareil) il faut zapper le menu et commander une pièce entière. La sole meunière, ou la dorade grillée, sont ainsi présentées encore fumantes dans la poêle, et dépiautées ensuite, en salle. Ce qui a le don de provoquer l'envie chez les autres convives.
De notre côté, le repas se concluait avec un dessert à trois couches (un entremets, comme on dit chez Picard) : un biscuit brownie surmonté d'un crémeux au chocolat, et du caramel au milieu. On l'aurait bien fait passer avec un saké, mais ils n'étaient pas encore arrivés du 7e. Heureusement côté vins, on trouvait le bon Menetou Salon (blanc) de Philippe Gilbert (37€), un Côte Rôtie de Christophe Pichon (90€), ou encore, au verre, le Crozes du domaine des 7 chemins (6€).
Ani
199 rue de Créqui, Lyon 3e
Fermé dimanche et lundi
Formule déjeuner 23 € ; menu-carte 32€