C'est une aventure comme on n'en fera sans doute plus en France : ces superproductions qu'il faut trois années pour amortir s'éteignent peu à peu, contrairement à des locomotives comme le Cirque du Soleil. Il ne reste plus dans cette catégorie que Ariane Mnouchkine, et Bartabas. Et le Cirque Plume. Ces deux derniers sont les seuls à pouvoir remplir trente soirs d'affilée un chapiteau de mille places. Pourtant, il reste une forme d'artisanat derrière ces chiffres.
Créée chez eux à Besançon en mai dernier, cette Dernière saison est pour Plume le commencement de la fin. Ce cirque a été précurseur, dès sa création en 1983, avec Amour, jonglage et falbalas, d'une façon de faire vivre le spectacle de rue, la magie, la musique... « C'était une histoire sociale » comme le précisait encore en mars dernier Bernard Kudlak son directeur, « il fallait faire ça pour mille raisons, politiques, personnelles. Nous étions nourris par le Living Theater (NDLR qui fit scandale à Avignon en 1968), le festival international de Nancy (NDLR qui révéla Bob Wilson), Augusto Boal et son théâtre amateur et l'envie de faire quelque chose pour tout le monde. On ne voulait pas de la société telle qu'elle était. Être en itinérance, c'était être à côté, une vie en marge. »
Ce cirque est un manifeste. C'est lui qui va en finir avec les animaux, dans No animo mas anima. Il y a trois ans, Tempus fugit, un best-of à l'occasion de leurs trente ans, reprenait des numéros qui, à nos yeux, paraissaient vieillis tant le nouveau cirque n'a cessé de se renouveler ces dernières années. Mais c'est bien à ces anciens que de nombreux jeunes circassiens (dont certains sont cette semaine aux Subsistances) doivent peut-être bien leur désir de prendre la tangente.
La Dernière Saison
Au Parc de Parilly dans le cadre des Nuits de Fourvière du 30 juin au 5 août