Photographie / La galerie Dettinger-Mayer nous invite à poser un regard nouveau sur les modèles de prédilection de Jean-Baptiste Carhaix : les Soeurs fondatrices de la Perpétuelle Indulgence de San Francisco, avec une exposition d'images inédites en couleurs.
Quand Jean-Baptiste Carhaix rencontre les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence en 1979, il est confronté à des convictions peu catholiques. Ces sisters n'ont rien d'académique, ce sont des activistes homosexuels déguisés en nonnes de choc. Le photographe se remémore :
« imaginez des drag queens ayant abusé du maquillage, travesties en bonnes sœurs, arpentant les rues sur des patins à roulettes armées de fausses mitraillettes pour prêcher la bonne parole : Aids is not a gay disease ! ou encore Thank God I'm Gay ! »
Ces militantes d'un genre nouveau, que JBC a suivi et photographié pendant deux ans, sont parmi les premières à prôner le port du préservatif par l'intermédiaire de provocations théâtrales et de tracts humoristiques. À partir de 1983, il se met à imaginer des mises en scènes dans lesquelles
« les bonnes sœurs surplombent la ville telles des anges gardiens vêtus de noir, veillant sur San Francisco qui, à l'époque, dansait sur un volcan. »
La maladie, la mort, en s'engouffrant dans le corps de ses modèles, se sont invitées dans ses photographies qui s'inspirent des extases mystiques des Folles de Dieu du XVIIe et XVIIIe siècles. Depuis trente ans, les clichés noir et blanc ont fait le tour du monde, des musées et des institutions. Aujourd'hui, JB Carhaix consacre la totalité d'une exposition à des images en couleurs auxquelles il ne s'est intéressé que récemment :
« j'ai découvert cette partie inconnue de mon travail en scannant des centaines de films diapositifs qui venaient doubler les négatifs noir et blanc. »
Prises avec les mythiques pellicules Kodachrome et Ektachrome, ces photos surprennent par leur modernité. Alors que les monochromes insufflaient le macabre, celles en couleurs rendent hommage aux victimes, mais donnent aussi de l'espoir en célébrant la vie de celles et ceux qui ont survécu aux douloureux massacres des années sida.
Jean-Baptiste Carhaix
À la galerie Dettinger-Mayer jusqu'au 30 septembre