C'est un classique de Jiří Kylián (créé en 1991), un classique pour le Ballet de l'Opéra (entré au répertoire en 1997) et un classique de la danse contemporaine tant le chorégraphe tchèque a su avec cette Petite Mort, allier les gestes ancestraux et hautement techniques sur une symphonie de Mozart à son savoir-faire de l'entre-deux, des attitudes esquissées, glissées. Entre les fleurets des danseurs et les corps quasiment unisexes, c'est un accouplement dangereux, intense qui se joue à l'Opéra de Lyon jusqu'au 25 avril.
En préambule, No more play (1988, mais nouvellement inscrite au Ballet), avec les mêmes robes de soirées carcans que dans Petite Mort, se dessine déjà, en un groupe restreint (cinq), le jeu d'attraction/répulsion des interprètes. La partie la plus étonnante de la soirée émane de Johan Inger, vingt ans durant soliste et danseur au Nederlands Dans Theatre, longtemps antre de Kylián. Dans Under a day, Nina Simone et Jeff Buckley font écho aux douze danseurs, gangrenés par la noirceur de la peur malgré les couleurs éclatantes qui les habillent. Micro-société de gens pressés qui se défoulent dans des mouvements les plus libérateurs possibles. À moins que ce ne soit autre chose, le chorégraphe, pour cette création destinée au Ballet, guidant peu – et c'est heureux – le spectateur.