Ça y est, nous avons « pu entrer dans l'histoire » comme l'annonçait pompeusement le teaser concernant l'ouverture de l'Hôtel-Dieu. Dès ce vendredi 27 avril à 10h, une partie des magasins seront ouverts et cet édifice est selon les mots de Georges Képénékian « rendu aux Lyonnais ». Visite en images de ce monument historique magnifiquement rénové et de ce énième centre commercial.
Décrire cet Hôtel-Dieu XXIe siècle pourrait se résumer à une avalanche de chiffres : 35 boutiques attendues (dont plus de la moitié ouvrent ce week-end comme Clarins, Aroma Zone, Mokxa, Vatel, AMPM, Citadium, Bobbies...), trois années de travaux, 400 travailleurs quotidien (800 en période de pointe), 20 000 tonnes de déchets dégagés du site (désamiantage, curage des faux plafonds et faux sols inventés peu à peu dans l'hôpital pour le rendre plus sain...), neuf campagnes de fouilles archéologiques menées depuis 2012...
10 millions de visiteurs sont attendus annuellement
Mais Didier Repellin, indispensable et passionnant architecte en chef des Monuments Historiques a surtout à cœur de montrer le génie de ses prédécesseurs : ces murs épais n'ont été dégradé par aucune fissure malgré les crues du Rhône qui auraient pu endommager sérieusement l'édifice : « sous terre, existent quelques mètres de cave, seules celles du XXe siècle ont été inondées, les autres ont résisté. »
Si Georges Képénékian berne son auditeur en prétendant que la bâtiment redevient traversant (il l'a toujours été), il est vrai que des ouvertures supplémentaires se font jour (7 au total) et notamment celle donnant sur la rue Bellecordière ; elle était autrefois bouchée par le « mur des fous » puisque l'asile était de l'autre côté et que, comme le rappelle Repellin citant les médecins de l'époque, « il n'y a pas d'ordonnance dans le cerveau de nos patients, ils doivent la trouver à l'extérieur, avec des alignements » d'où ce mail de promenade dévolu depuis des années à l'entassement de déchets et à un parking.
La construction des nouveaux bâtiments pensés par Albert Constantin respecte parfaitement l'alignement et la hauteur des anciens. Réalisés par la société Eiffage, ces travaux modifient profondément cet hôpital qui reste la propriété des Hospices civils de Lyon via un bail emphytéotique de 99 ans ; c'est le Crédit Agricole Assurances qui le gère désormais.
Au cours du 1er trimestre 2019, le Grand Hôtel Dieu verra l'ouverture de l'Hôtel Intercontinental et d'un centre de conventions. Ébahi, Repellin rappelle que Soufflot n'avait que 27 ans lorsqu'il a dessiné à la perfection ce dôme qui ne sera accessible qu'à ceux pour qui les nuits vaudront (véritablement) de l'or. Au cours du premier semestre 2019, c'est la Cité internationale de la gastronomie qui ouvrira ses portes, avec, promet-on du côté des élus, un volet consacré à la santé.
Car cette dernière est bien la grande absente de cette rénovation majeure. Georges Képénékian, né ici, ayant travaillé ici en tant que médecin-chirurgien, n'a pourtant aucun regret à ce qu'elle disparaisse : « la médecine a abîmé ce lieu avec sa nécessaire modernisation. La faire figurer là via un dispensaire ou un musée (feu le musée de la médecine) n'était pas dans l'ambiance et la majesté de ce lieu (sic) ». Et de renvoyer sur les hôpitaux voisins, tous ou presque en cours de réhabilitation comme l'a détaillé David Kimelfed, qui après avoir souligné le rôle phare de Gérard Collomb (présent ce soir lors de l'inauguration officielle) a affirmé rien moins que « les Lyonnais seront différents en sortant de ce lieu que quand ils y sont rentrés » !
Programme des festivités du week-end en cliquant ici.
