Drame / de Desiree Akhavan (É-U, 1h31) avec Chloë Grace Moretz, Sasha Lane, John Gallagher Jr....
1993. Surprise en plein ébat avec une camarade, la jeune Cameron est envoyée par sa tante dans camp religieux de “réhabilitation“ pour les adolescents “déviants“ placé sous la férule des frère-sœur Marsh. Au sein du groupe, Cameron tente de préserver son intime personnalité...
Cette vieille obsession puritano- normative de guérir l'homosexualité par la réclusion et la prière ! Dans l'idée (et l'efficacité), cela rejoint l'antique sacrifice des vierges pour s'assurer de bonnes récoltes ; le fait de croire que l'on peut infléchir des événements sur lesquels l'on n'a aucune prise en sadisant ses semblables au nom de l'intérêt général. La prétendue maison de rééducation religieuse des Marsh est à la fois un lieu de retrait du monde pour des familles honteuses de l'orientation de leur enfant (“cachons ce gay que nous ne saurions voir“) et un centre de torture psychologique. Paradoxalement, le confinement des ados et les chambrées non mixtes tendent à annuler le lavage de cerveau hétéro opéré pendant la journée.
Desiree Akhavan épouse avec beaucoup de justesse et de sensibilité ce sujet. Elle montre comment Cameron — une Chloë Grace Moretz très crédible — assaillie par de nombreuses séquences fantasmatiques, va peu à peu consolider sa liberté intérieure. On retrouve la tonalité des années 1990 ; cette “couleur grunge“ ambiante annonciatrice d'une fin de siècle, mais également la forme stylistique du cinéma indépendant pratiqué à cette époque par Van Sant, Larry Clarke et consorts : du brut et sans apprêt. Rugueux comme certaines adolescences.