Restaurant / Le resto qui fait causer en cette rentrée ? Un bistrot chic ouvert avant l'été, jouant les rebelles du 6e. Ses tenanciers ont passé les vacances à se rôder. À voir s'ils ont encore la niaque et l'envie de faire se soulever les papilles lyonnaises.
La rentrée, des classes et politique, judiciaire et médiatique, draguant mille raisons de déprimer ou de se réjouir, offre ainsi mille raisons de remettre le couvert. Or, en ce début septembre, avant l'inévitable vague d'ouvertures annuelle, il n'y a pas à tortiller : c'est à La Mutinerie qu'il faut aller. Le jeune chef, Nicolas Seibold, a (déjà !) roulé sa bosse chez les meilleurs (Anne-Sophie Pic ou Yannick Alléno) et même à la télé (Top Chef, of course). Pour sa première affaire le voilà en plus adoubé par Christian Têtedoie, l'étoilé de la colline de Fourvière, devenu THE parrain des jeunes chefs créatifs. Le point commun des cuistots à la mode - citons ceux de La Bijouterie, Monsieur P, l'Établi ou Les Apothicaires : leurs CVs évoquent toujours l'Antiquaille. Et comme si ça ne suffisait pas, le grand chef poursuit son influence via une agence de conseils baptisée Chefs Intelligence Agency. CIA que l'on retrouve d'ailleurs derrière cette Mutinerie.
Tendance rebelle
Le resto de Seibold et de son compère en salle, Thomas Brignard (ex-Café de la Place), occupe un coin de rue du 6e, fraîchement ravalé par le Collectif Saône autour d'une thématique rebelle. Point de look squat pour autant (genre tags et murs grattés comme Chez Ani, dans le 3e) : les architectes ont produit un intérieur ultra-clean, parsemé de références au soulèvement (la couleur brique, prolétarienne s'il en est, les ombres de foules insurgées munies de couteaux et fourchettes, un mégaphone pour lampadaire...). Un thème un poil envahissant, qui incite à chercher la Résistance ou la Rébellion (noms des deux menus du soir) dans les moindres détails de la cuisine de Nicolas Seibold. Une tâche évidemment vaine - sans vouloir faire offense au garçon, plein de talent. Il y a bien cette idée (un brin enquiquinante) de menu unique et surprise. Le client-roi renversé, le chef fait ce qui lui plaît.... Ainsi, en juin, il usait sa liberté nouvelle dans les provocations : tartare de cœur de bœuf, asperge brûlée, pigeon sanguinolent - son cœur gisant à ses côtés. Un enchaînement violent mais maîtrisé et, pour peu qu'on aime prendre des claques au dîner, tout à fait plaisant.
L'été passé, Nicolas Seibold envoyait un déjeuner (28€) un peu assagi (la chaleur adoucit les mœurs), mais toujours bien fichu. Faisant suivre un amuse-bouche 100% petit-pois (entiers, en mousse, en glace) d'un boudin noir croustillant, retravaillé en ballottine, snacké et rafraîchi par un sorbet à la pomme et piment d'espelette. Avant un savoureux filet de volaille à pattes noires de Bourgogne cuit sur l'os, posé avec son jus sur un ensemble d'artichauts (en chips, purée ou quartiers). Et, en douce fin de l'histoire : des mirabelles, abricots et pêches pochées au sirop au shizo, un sorbet à la même herbe japonaise, et quelques points de mousse au chocolat blanc. La carte des vins ne recèle, elle, aucune grande surprise : un joli Mâcon-Verzé de Maillet au verre (8, 50€, tout de même), une valeur sûre avec le Crozes de Reynaud (42€) et une vingtaine d'autres choix.
La Mutinerie
123 rue Bugeaud, Lyon 6e
De midi à 14h et de 19h30 à 21h30, fermé dimanche et lundi