Musée d'Art Contemporain / En remplacement de son fondateur Thierry Raspail, parti à la retraite en fin de saison dernière, le Musée d'Art Contemporain accueille à sa tête Isabelle Bertolotti, qui en était jusque-là responsable des expositions.
Tout ça pour ça ? C'était un peu la première pensée venant à l'esprit à l'issue de la conférence de presse annonçant la nomination d'Isabelle Bertolotti, ex responsable des expositions du Musée d'Art Contemporain depuis 1995, au poste de Thierry Raspail, ancien directeur parti à la retraite. Pas que l'heureuse élue ne réponde pas aux critères, loin de là : sa nomination fait une quasi-unanimité dans le petit milieu de l'art lyonnais où elle a su imposer ses compétences reconnues à l'international. Mais surtout, pourquoi avoir attendu si longtemps pour choisir une voie si naturelle et promouvoir les compétences internes ?
Selon un élu ayant participé au processus de sélection, la candidature d'Isabelle Bertolotti s'est imposée avec le temps face à la concurrence, car elle a pris soin de présenter un projet ouvert et réfléchi. Elle a insisté sur sa volonté de développement et d'ouverture à l'international. Lors de cette conférence de presse, on a ainsi pu l'entendre affirmer que « le musée des années 80 est très différent de ce qu'est la scène aujourd'hui, il faut tenir compte du dynamisme de la Chine et de l'Afrique, ouvrir ce musée. » Ce qui passera aussi par des invitations ponctuelles lancées à des commissaires et curateurs, pour des expositions mais aussi pour la Biennale, dont elle est également directrice artistique, comme l'était son prédécesseur. « Pourquoi ne pas constituer un brand de personnalités, comme pour la Biennale d'Istanbul ? J'aimerais que l'avenir de notre Biennale soit très collaboratif, que l'Afrique soit conviée, que le Musée des Beaux-Arts y soit plus associé. » poursuit-elle.
Matthieu Lelièvre en renfort
La Musée des Beaux-Arts : tel était l'autre point sensible de la sélection d'une nouvelle direction, la Ville de Lyon ayant souhaité créer un pôle des musées d'art dirigé par Sylvie Ramond, la directrice de ce second musée. Il fallait donc accepter de se placer sous l'égide de ce pôle pour candidater. La bonne entente entre Isabelle Bertolotti et Sylvie Ramond, qui se connaissent bien pour arpenter les mêmes terres, a donc également joué en sa faveur. Même si Loïc Graber, l'adjoint à la culture, précise que chaque musée garde son autonomie et son identité, le but est d'élaborer une statégie concertée. À cet effet, les collections seront partagées et un nouvel accrochage dans les deux musées sera proposé dès janvier prochain. L'objectif, plus compliqué sans doute, est aussi de croiser et mélanger les publics en local. Et d'être « plus crédibles à l'international pour se faire prêter des œuvres » insiste Isabelle Bertolotti.
La toute nouvelle directrice est historienne de l'art et a été formée à l'Université Lyon 2 puis à l'École du Louvre. Spécialisée en art contemporain et muséologie, elle a co-fondé Rendez-Vous / Jeune Création Internationale, un événément dédié à la scène émergente qu'elle a exporté à Shangaï, Cape Town ou encore Singapour. Ce lien avec la jeune scène ne sera pas rompu par ses nouvelles fonctions : mais elle a choisi elle-même dès sa candidature de venir accompagnée d'un conseiller artistique qui prendra en charge cette partie, en la personne de Matthieu Lelièvre, également historien de l'art, qui a œuvré pour le Musée des Arts Décoratifs ou la galerie Thaddaeus Ropac. Depuis 2016, il est directeur artistique du groupe Fiminco, en charge de la création d'une fondation prévue pour 2019. Ce lien privé/public et sa connaissance du mécénat a fortement plu aux élus, et il sera donc le conseiller artistique d'Isabelle Bertolotti pour les trois années à venir.