Un grand écart. On avait laissé Georges Lavaudant avec un Hôtel Feydeau pénible, tellement moins fin que le jubilatoire Chapeau de paille d'Italie avec lequel on fait sa connaissance. Le voici de retour avec Le Rosaire des voluptés épineuses qu'il amène sur les terres lyonnaises de son auteur Stanislas Rodanski.
On retrouve d'emblée l'espace scénique mangé par une table allongée, celle de son somptueux La Rose et la hache. Ici, elle est en version rococo car le metteur en scène nous embarque dans une rêverie romantique allemande où l'on croise la rivière Neckar et Heidelberg, bien que Rodanski ne soit en rien contemporain de Hölderlin puisqu'il décède en 1981 (en hôpital psychiatrique où il aura passé la moitié de sa vie).
Dans un décor au cordeau, en images, projection et films de son fidèle compagnon Jean-Pierre Vergier, avec son propre travail sculptural des lumières, Lavaudant ne rend pas pour autant ce texte surréaliste lisible, à la lisière de la mort et du vivant dans lequel un dandy disserte avec une femme aux noms multiples. Peut-être n'est-elle qu'une apparition post-mortem. Alambiquées, ces 70 minutes sont un temps suspendu porté par des comédiens habités par leur rôle indéfinissable joué pour la première fois au Printemps des Comédiens de Montpellier en juin dernier.
Le Rosaire des voluptés épineuses
au Théâtre du Point du Jour (programmé par les Célestins) jusqu'au 16 février