Théâtre / Malgré un texte trop prévisible, "Inoxydables" s'avère être la meilleure des quatre propositions dans cette saison du TNP émanant du Cercle de formation et de transmission inventé en 2017. Du rock métal, une histoire d'amour et la guerre en 1h15.
C'est d'abord un concert. Celui du groupe Klone. Du métal au TNP, bouchon d'oreille inclus : première bonne surprise de ce travail de Maxime Mansion, initiateur du festival En acte(s) qui tout au long de sa mise en scène ne va rien escamoter du récit de Julie Ménard. Mia, déjà bien imbibée, va tomber amoureuse du bassiste Sil dans le bruit et la moiteur de ce live dont, au-delà du son, la frénésie réconfortante nous parvient.
Il s'agit de corps et d'attraction, de désir et d'impulsion mais aussi de mots plats, idiots, de rires bêtes parfaitement restitués et justes. Ils sont le socle de cette aventure qui se déploie ensuite dans un hangar pour les répétitions et qui va prendre le large. Car le bruit inquiétant des avions a prévenu : la guerre rôde. Il faut fuir.
Au creux de moi
Là encore, Maxime Mansion va au plus efficace. Des traversées sur terre ou dans la mer, de la jungle, des passeurs, des camions, de la montagne ou de la fatigue, il rend compte avec un éclairage minimal et ciblé sur ses deux personnages toujours pris dans les feux comme des rats. Trois fois, ils reviennent sur leur terre meurtrie. Le happy end se profile, grossesse magique et salvatrice comprise.
Antoine Amblard (formé à l'ENSATT) et Juliette Savary (issue du Conservatoire de Paris) s'accordent avec aisance, rendent le vocabulaire (et les scènes) crues sans les alourdir si ce n'est un strip-tease rapide pas nécessaire. Dommage que le texte colle tant au réel de ces dernières années noires des migrants. Il aurait gagné à être plus atemporel et moins géo-localisé, à laisser au spectateur une plus grande place. À défaut, il est heureux de constater que parfois les genres artistiques se mélangent. Même au TNP.
Inoxydables
Au TNP jusqu'au 6 avril