Lumière 2019 / Coppola en tête d'affiche, le retour de Ken Loach, des zombies et Bong Joon-ho. La première fournée d'annonce du Festival Lumière 2019 a été faite. Préparez vos coups de cœur !
« Un démiurge », « un mammouth ». C'est par ces mots que le directeur de l'Institut Lumière a salué le récipiendaire du Prix Lumière 2019. Onzième à recevoir la distinction (mais lauréat de « l'édition des dix ans », pour reprendre les termes du directeur du festival), Francis Ford Coppola et sa légitimité ne sauraient être contestés. Riche d'une carrière s'étendant sur six décennies, jalonnée d'œuvres fondatrices, marquantes ou à (re)découvrir, le jeune octogénaire figure parmi les créateurs du Nouvel Hollywood et demeure un inlassable expérimentateur. Entré au Panthéon cinématographique bardé de lauriers il y a quarante ans — il avait alors déjà décroché deux Palmes d'Or, deux Oscars du Meilleur film —, le cinéaste n'a depuis cessé de remettre le fruit de ses succès dans de nouvelles aventures cinématographiques, composant une œuvre où, régulièrement, la jeunesse américaine voit ses ambitions fracassées par les guerres ou les crises.
S'il faut s'attendre (avec impatience) à la traditionnelle rétrospective et à la masterclass du cinéaste, on peut espérer que celui-ci vienne en famille, accompagné par son épouse (et réalisatrice) Eleanor, sa fille (et réalisatrice) Sofia, son fils (et réalisateur Roman), voire son neveu Nicolas Cage — pour ne citer que le plus proche cercle. Quant à la personnalité qui lui remettra le Prix Lumière, il serait classe de voir conjointement son vieux camarade (et prédécesseur à Lyon) Scorsese et/ou la paire Pacino/DeNiro lui tendre le trophée sur la scène du Palais des Congrès le 18 octobre. Patience...
Renaissances
Une nuit permettra en tout cas de les revoir “ensemble” : celle de la Trilogie du Parrain le samedi 29 octobre à la Halle Tony Garnier — Halle qui accueillera également une séance jeune public autour de Chaplin et une Nuit au parfum de saison puisqu'elle est vouée à la Trilogie Zombie de George A. Romero, en copies restaurées, naturellement — on aurait presque envie de dire dommage, tant la décomposition participe du charme du zombie !
Les restaurations, en revanche, font partie de la raison d'être du Festival Lumière qui accueillera celle de l'un des monuments d'Abel Gance, La Roue. Une odyssée de sept heures ressuscitée par Pathé, projetée en deux épisodes et accompagnée par l'ONL à l'Auditorium. Autre vestige sauvé — les images-tests sont impressionnantes — : Dans la nuit. Considéré comme l'ultime long-métrage muet du cinéma français (c'était avant The Artist, bien sûr) ce film tourné à Jujurieux, réalisé et interprété par le comédien Charles Vanel fut longtemps perdu ; le voici à nouveau visible, lumineux, escorté par une partition original de Louis Sclavis.
Et c'est par les mots et la parole que Clémentine Autain ranimera le souvenir de sa mère, la comédienne Dominique Laffin disparue précocement en 1985, à qui elle a consacré un ouvrage, Dites-lui que je l'aime — du nom du film de Miller.
Retours
Au chapitre des invitations, Lumière 2019 sera notamment l'année de Daniel Auteuil et de Marina Vlady. Deux comédiens aux parcours éclectiques et bien distincts, qui profiteront de leur venue pour parler sans doute littérature — l'une est également autrice, l'autre devrait effectuer des lectures, notamment de Paul-Jean Toulet. Le festival n'aimant rien tant que conjuguer patrimoine et actualité, la présence de Daniel Auteuil coïncidera (quel hasard) avec l'avant-première lyonnaise de La Belle Époque de Nicolas Bedos. Autre heureux hasard, la présence au même moment de Ken Loach, qui accompagnera la sortie de son Sorry we missed you et tiendra la masterclass qu'il n'avait pas donnée l'année de son Prix Lumière, en 2012.
Puisque l'on est dans les transferts/transfuges de Cannes, comment ne pas signaler la présence de Bong Joon-ho, vainqueur de la Palme d'Or avec Parasite ? Le cinéaste coréen effectuera son premier pèlerinage Rue du Premier-Film pour l'occasion ; on espère une rétrospective de sa courte mais marquante carrière (notamment The Host, Le Transperceneige et pourquoi pas, Okja sur un vrai grand écran de cinéma en sa présence).
Loin d'être exhaustif à ce jour, le programme compte encore deux sections de taille. D'abord, la rétrospective André Cayatte, qui mettra en lumière le versant le moins connu du spécialiste des films à procès, à thèse et à dossier — l'occasion, par exemple de revoir Le Miroir à deux faces ou Le Passage du Rhin. Ensuite, une sélection baptisée Forbidden Hollywood d'œuvres de la Warner Bros. tournées avant 1934 et l'entrée en vigueur Code Hays — lequel corsetait drastiquement les productions en faisant régner la morale des ligues de vertu.
Pour connaître les titres des films choisis pour l'ouverture, la clôture, la remise du Prix Lumière, les noms des autres invités, les autres rétrospectives — et notamment celle dédiée à la femme cinéaste dont l'histoire permanente est habituellement célébrée — il faudra attendre la fin du mois d'août. Ou voyager dans le temps comme Peggy Sue...
11e Festival Lumière
Du 12 au 20 octobre