Il est amusant d'observer que le chorégraphe Yuval Pick reprenne cette semaine l'une de ses meilleures pièces (Acta est fabula, 2018), juste avant l'ouverture du Festival Lumière, qui a pour tête d'affiche le réalisateur d'Apocalypse Now, Francis Ford Coppola.
A priori, rien à voir entre la pièce dépouillée de l'un et le film exubérant de l'autre. Mais, si l'on admet que la remontée du fleuve du capitaine Willard est aussi une remontée dans le temps historique, et même vers ce qu'il y a de plus archaïque et primitif chez l'être humain, alors Yuval Pick n'est plus si loin de Coppola. Acta est fabula est une avancée-remontée vers l'archaïque à travers des éclats de gestes ou des éclats de voix, des réminiscences de musiques quasi tribales (les coups de reins vocaux de Prince, des rythmes de techno...), le grotesque d'une grimace ou l'angoisse d'un cri muet...
Soit une saccade de séquences qui creusent, par la danse (avec quelques détours vers le théâtre et le mime), les plaques tectoniques, déchiquetées par le temps, de ce qui peut encore, aujourd'hui, faire un collectif, un groupe. Naissance d'un sujet humain chez Coppola, naissance d'un groupe humain chez Pick : accouchements dans la douleur et la joie mêlées.
Yuval Pick, Acta est fabula
À l'ENSATT les jeudi 10 et vendredi11 octobre