Danse contemporaine / La Biennale ne change pas sa recette goûtue, mélangeant toutes les esthétiques de la danse contemporaine, et épiçant le tout de quelques grandes figures de l'art chorégraphique. Pour sa 20e édition, son nouveau directeur Tiago Guedes y a ajouté une pincée de festivités et de liens resserrés entre la danse et son dehors.
Rien ne ressemble plus à une Biennale de la danse qu'une autre Biennale de la danse... et, d'un certain point de vue, tant mieux ! Car c'est toujours (une recette inventée quasiment dès le début par Guy Darmet) l'occasion de découvrir la danse contemporaine dans sa plus grande diversité, et quelques créations de grand(e)s chorégraphes. On zig-ziguera donc en septembre, comme à l'accoutumée, de la danse contemporaine la plus épurée (Anne Teresa de Keermaeker) au cirque contemporain (Collectif Petit Travers, Alexander Vantournhout...), en passant par le hip hop (Fouad Boussouf), les électrons libres de la chorégraphie (François Chaignaud, Phia Ménard...), les grands ballets contemporains (le Ballet de Genève et Didi Larbi Cherkaoui, le Tanztheater Wuppertal et Boris Charmatz, le Ballet National de Marseille et la compagnie (La) Horde...), des artistes engagés (Lia Rodriguès)... Et en passant aussi par des artistes qui, personnellement, nous insupportent mais qui ont leur (gros) lot de supporters : le grandiloquent et empesé Dimitris Papaioannou, l'obsolète Marlene Monteiro Freitas, le survendu et tape à l'œil collectif Peeping Tom...
Têtes d'affiche
Du côté des créations très attendues pour cette édition, citons notamment celle de Boris Charmatz qui a récemment pris la direction du Tanztheater Wuppertal fondé par Pina Bausch. Il y rassemblera rien moins que trente interprètes pour une pièce annoncée comme l'édification d'une « cathédrale humaine » ! La sur-vitaminée et adepte du krump Nach présentera une nouvelle conférence dansée, cherchant toujours un équilibre fragile entre parole et mouvement. Le chorégraphe et circassien Alexander Vantournhout explorera, sur une musique rock expérimentale, la verticalité sur un mur de cinq mètres sur neuf. La canadienne Catherine Gaudet présentera un quintett aussi épuré qu'émouvant. Le directeur du CCN de Rilleux-la-Pape, Yuval Pick, poursuivra sa dialectique dansée entre corps individuel et corps collectif, à travers sa remise sur le métier du mouvement viscéral et de l'idée de rituel...
Sans prise de tête
Bref, on en oublie beaucoup, mais il y aura de belles affiches et bien du monde pour cette Biennale 2023. Concrètement : 21 créations et premières françaises, 48 spectacles, 46 chorégraphes et compagnies, 14 pays représentés. Et si la structure de la Biennale ne change pas, Tiago Guedes (son nouveau directeur) commence à la saupoudrer de quelques petites nouveautés ou à y apporter certaines tonalités : un "hub" de rassemblement aux Usines Fagor où l'on pourra assister à des conférences, cours de danse, projections, et aussi y danser via un « club » ouvert le week-end de 22h à 2h ; un croisement entre chorégraphie et arts plastiques avec une exposition réunissant films de chorégraphes, installations et autres œuvres ; un défilé qui ouvrira la Biennale avec pour thème « art et sport » le dimanche 10 mzi... Cela fut déjà initié lors des biennales précédentes, mais l'on intuitionne que Tiago Guedes cherche aussi à accentuer les liens entre la danse, la ville et le public (tous les publics), et à intensifier l'aspect festif de l'événement.
Du 9 au 30 septembre, à la Maison de la danse, au TNP, aux Célestins, aux Usines Fagor Brandt... 51 lieux investis dans 34 villes en région Aura