Danse contemporaine / Parmi les 21 créations et premières françaises de la Biennale, nous en avons retenu ici cinq, particulièrement prometteuses à nos yeux.
Christos Papadopoulos
Peu connu encore en France, le chorégraphe grec Christos Papadopoulos (né en 1982) s'inspire beaucoup des mouvements observés dans la nature : déplacements des poissons, des oiseaux... Pour sa création avec le Ballet de l'Opéra, ce sont les champignons et le mycelium (leurs modes de communication et de propagation) qui l'ont particulièrement intéressé. Un groupe de vingt danseurs est amené à constituer une entité vivante collective, aux mouvements vibratoires minimalistes, sur une bande son hypnotique qui en fixe le tempo et les évolutions. « Dans cette pièce, le mouvement en lui-même ne raconte rien. La seule chose précieuse c'est cette colle invisible qui connecte les individus par accords réciproques » déclare le chorégraphe dans le dossier de presse.
Christos Papadopoulos & le Ballet de l'Opéra de Lyon, Mycelium, à l'Opéra, du 9 au 14 septembre
Phia Ménard
Découvertes aux Subs puis au Théâtre Nouvelle Génération à Lyon, les pièces de Phia Ménard explorent les métamorphoses des corps et des identités, ainsi que le changement de notre perception du réel. Formée au cirque aussi bien qu'à la danse contemporaine et au jeu d'acteur, Phia Ménard traverse souvent les frontières disciplinaires en s'aventurant dans le champ des arts plastiques, de l'opéra, de la performance... Sa création Art.13 fait directement référence à l'article 13 de la Déclaration universelle des droits de l'homme qui garantit à tous la liberté de circulation sur la Terre. Un article pour le moins peu appliqué. Pièce pour une danseuse, Art.13 se situe dans un jardin à la française où une femme bute sur le socle d'une statue monumentale et doit faire preuve d'imagination pour traverser murs et frontières.
Compagnie Non Nova - Phia Ménard, Art.13, aux Célestins, du 17 au 19 septembre
Boris Charmatz et le Tanztheater Wuppertal
On l'a qualifié souvent d'enfant terrible de la danse française, mais Boris Charmatz (né en 1973 à Chambéry) est surtout un expérimentateur et un chercheur forcené, avec des pièces démesurées ou, au contraire, réduites à l'essentiel, des pièces qui bousculent le public ou bien encore ouvertes aux amateurs... En 2022, il est nommé à la tête du Tanztheater Wuppertal, ayant la lourde tâche de succéder à sa fondatrice... Pina Bausch ! Liberté Cathédrale est sa première création pour ce ballet prestigieux, et la Biennale la présente pour la première fois en France. Œuvre pour trente interprètes, sa « cathédrale » humaine sans murs ni architecture poursuit ses expérimentations autour de l'idée d'assemblée chorégraphique, de puissance du grand nombre... Tout en évitant l'unisson, et en offrant un maximum de liberté à chacun de ses danseurs.
Boris Charmatz et le Tanztheater Wuppertal Pina Bausch, Liberté Cathédrale, aux Usines Fagor, du 22 au 24 septembre
Alexander Vantournhout
Formé à l'art du jonglage tout autant qu'à la danse contemporaine en Belgique, Alexander Vantournhout (né en 1989) se définit lui-même comme "circographe" ! Depuis les années 2010, il crée des pièces iconoclastes, oscillant toujours entre cirque et danse, aux dispositifs singuliers et mettant en scène des objets non moins singuliers : boule de bowling, chaussures cloutées d'escalade, gants de boxe, marteau au manche démesuré... Les Subs ont présenté plusieurs de ses pièces et l'artiste revient à Lyon pour une nouvelle création atypique Foreshadow pour huit interprètes évoluant sur... un grand mur vertical de cinq mètres sur neuf. « Au son d'une musique rock expérimentale, huit danseur·euse·s acrobates explorent les limites imposées par une surface verticale. Et si un haut mur venait couper la scène en deux, ne laissant aux danseurs.euses qu'un espace trop étroit pour huit ? Le mur serait-il un obstacle ou créerait-il de nouvelles possibilités ? » écrit Vantournhout dans sa note d'intention. Réponse aux Célestins en fin de Biennale.
Alexander Vantournhout & not standing, Foreshadow, aux Célestins, les 22 et 23 septembre
Catherine Gaudet
Née à Montréal en 1978, interprète pour plusieurs chorégraphes, Catherine Gaudet débute sa carrière artistique à l'orée des années 2000 avec des pièces aux titres évocateurs comme Grosse fatigue (2005), L'Invasion du vide (2009)... Des œuvres où la chorégraphe joue de l'épure pour mieux traquer toutes les facettes du corps, ce qui nous échappe et ce que nous ignorons de nos propres mouvements et puissances physiques. Elle présente à la Biennale sa nouvelle pièce Les Jolies Choses pour cinq interprètes. En une ligne qui se meut en rotation comme l'aiguille d'une montre, les cinq interprètes dansent une partition apparemment simple et qui se complexifie ensuite jusqu'à l'impossible et l'épuisement.
Catherine Gaudet, Les Jolies Choses, au Théâtre de la Croix-Rousse, les 28 et 29 septembre.