Art Contemporain / Guillaume Barth expose à la Fondation Bullukian deux de ses projets singuliers, aux confins de l'art, de l'écologie et de la philosophie. Où le sel devient planète, et les arbres musiciens...
Le 5 janvier 2015, une nouvelle planète est "découverte" par l'artiste Guillaume Barth : Elina, surgie en plein désert de sel bolivien à 3700 mètres d'altitude. En quelques jours, l'astre éphémère se dissout dans les eaux de pluie... Il aura fallu trois semaines à Guillaume Barth et deux autres artistes, aidés par de nombreux indiens Ayamaras, pour composer cette planète de trois mètres de diamètre, à partir de briques de sel et de techniques artisanales indiennes. Il en reste aujourd'hui plusieurs photographies impressionnantes, exposées à la Fondation Bullukian, où la grande sphère blanche, notamment, se reflète sur une mince couche d'eau, au beau milieu du silence et de l'immensité. Elina est l'un des nombreux projets un peu fous du jeune artiste né en 1985 à Colmar, grand globe-trotter. Projet à la croisée d'enjeux plastiques, écologiques et géopolitiques (le site bolivien est convoité par de nombreuses multinationales pour ses réserves de lithium).
Concert de bois
Plus proche de nous géographiquement mais pas moins fou, le projet Concert pour une nouvelle forêt a obtenu le Prix Bullukian 2017 et a débuté dans une forêt de Stuttgart en Allemagne en 2016. Là, après un changement climatique brutal, Guillaume Barth sauve du gel une centaine de pousses de chêne qu'il met en terre et en pots dans son atelier. Soit une nouvelle forêt de 130 jeunes chênes à chacun desquels l'artiste attribue un nom ! Mieux, il leur lit des histoires, leur joue des morceaux de musique, partage leur quotidien, leurs interactions et ce qu'il considère comme les signes discrets de leur communication propre... À partir de ces données et de ces patientes et étonnantes observations, il imagine aussi plusieurs pièces musicales au piano. Ses notes et dessins, les jeunes chênes en pots et la musique sont exposées à la Fondation Bullukian. L'ensemble n'est pas seulement séduisant pour les yeux et les oreilles, il est aussi une réelle tentative de briser les frontières entres règnes humains et végétaux. Et ce, dans la continuité des recherches scientifiques et philosophiques d'un Emanuele Coccia ou d'un Philippe Descola, par exemple.
Guillaume Barth, Concert pour une nouvelle forêt
À la Fondation Bullukian jusqu'au 27 juillet