Afrobeat / Héritier fidèle de son père Fela Kuti, Seun perpétue l'afrobeat dans toute sa conscience politique et son énergie scénique : comme un petit goût de Shrine au Ninkasi.
Les "fils de", parfois, on peut kiffer. Et dans le cas de Seun Kuti, fils de Fela, aucun doute : il s'agit quasiment d'une réincarnation du maître absolu de l'afrobeat, le même corps musculeux, les mêmes attitudes sur scène, un immense talent pour propulser ce genre devenu presque aussi international que le reggae jamaïcain après sa naissance à Lagos, et un même groupe, Egypt 80 (ou du moins les survivants et quelques recrues) pour propager la fière et colérique parole : car l'afrobeat, machine à danser, est avant tout un discours conscientisateur et politique, qui visait au temps du père, dans les 70's, à dénoncer tout autant les méfaits des grandes multinationales pillant l'Afrique sans vergogne (I.T.T.) que les dirigeants corrompus. Et comme rien ou presque n'a changé à Lagos, les fils perpétuent le combat... Si l'un, Femi, a mainstreamisé les sonorités, l'autre est resté puriste, fidèle au son inventé par le duo Fela / Tony Allen.
Activiste
Rythmique syncopée implacable, envolées free du saxophone, transe longue durée, riffs funky : l'afrobeat doit autant au juju beat local qu'au highlife du voisin ghanéen, au funk de James Brown et au jazz alors totalement aventureux. Seun ne le réinvente pas, mais l'incarne comme personne. Il faut dire que dès ses huit ans le plus jeune fils du king de Lagos était déjà choriste d'Egypt 80... Mais Seun n'a pas repris le seul flambeau musical : pour lui, être frontman, c'est aussi être un activiste. Être la voix du peuple le plus pauvre. Celui qui voyait en la Kalakuta République un espoir. Celui qui dansait jusqu'au matin au Shrine. Le fils Kuti, chantre du panafricanisme, se revendiquant de Patrice Lumumba et de Malcolm X (voir la superbe pochette de son dernier album, Black Times, paru l'an dernier) est cette voix. Il est ce son. Et comme on l'a déjà écrit ici, sur scène, c'est l'une des expériences les plus intenses ressenties ces dernières années : foncez.
Seun Kuti & Egypt 80
Au Ninkasi le mardi 5 novembre à 19h