Comme Vincent Macaigne, Sylvain Creuzevault a débarqué dans le milieu théâtral au mitan des années 2000 avec l'envie de renverser la vieille table de son art, de ne diriger aucun lieu, flirter avec le cinéma et faire vivre une expérience quasi physique aux spectateurs avec de grands textes pour le premier (Shakespeare, Dostoïevski) et des impros au plateau sur de hauts faits historiques pour l'autre. Ainsi Creuzevault a revisité la Révolution française avec Notre terreur : pas de majuscule car il fouinait dans les détails de la fabrication de ce qui n'était pas encore un fait de l'Histoire mais des discussions entre Barère, Saint-Just ou Collot, qui préparaient cela comme des syndicalistes une manif'. Remuant, implacable, Notre terreur était immédiatement séduisant au risque de minimiser les faits. Avec Le Père Tralalère, Creuzevault avait déjà joué du bi-frontal pour cette fois dynamiter la famille. Ensuite, il s'est confronté à Marx (Le Capital et son singe) puis au mythe de Faust. Le voilà (enfin) de retour dans nos contrées avec Les Démons de Dostoïevski créé à l'automne 2018. Pas vue encore, cette fresque de quatre heures a été unanimement soutenue par nos confrères parisiens. Elle est l'occasion de retrouver l'excellentissime Nicolas Bouchaud qui aura à peine enlevé ses vêtements d'Ennemi du peuple d'Ibsen. À voir du 14 au 25 janvier dans un TNP tout nouvellement dirigé par Jean Bellorini.
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