Théâtre / Aux Célestins, le metteur en scène Sylvain Creuzevault remonte le fil de l'histoire fasciste française mais peine à convaincre.
Que ce soit à travers la Révolution française, Marx ou encore Dostoïevski, Sylvain Creuzevault propose, depuis une quinzaine d'années, un théâtre intellectuellement exigeant qui n'oublie pourtant pas qu'il est avant tout du théâtre, avec du jeu, de la flamboyance et de l'humour. Cette fois, le metteur en scène s'attaque à la période de la collaboration en France lors de la Seconde Guerre mondiale, en prenant pour matériau de base l'acceptation enthousiaste de l'idéologie fasciste par certains – artistes, intellectuels, politiques... Voilà qui promet un spectacle implacable. Las !
Si, avec Edelweiss [France Fascisme], Creuzevault embrasse habilement cette histoire sombre par le versant de la farce, ridiculisant au passage les Brasillach, Drieu la Rochelle, Laval et consorts grâce à des interprètes excellents, il finit par rapidement s'embourber pendant les deux heures de représentation. Malgré une construction en tableaux chronologiques censée rendre limpides les enjeux de l'époque, cette galaxie fasciste perd malheureusement rapidement en lisibilité et en accessibilité. Elle ne convoque alors pas chez le public la réflexion et les ponts avec notre siècle qu'attend sans doute l'ambitieux metteur en scène, emmêlant les fils plus qu'elle ne les dénoue. Dommage au vu des possibilités du sujet.
Edelweiss [France Fascisme]
Du jeudi 21 au vendredi 29 novembre aux Célestins (Lyon 2e) ; 5 à 40 euros