Fantastique / À part Thomas et Madeleine, personne ne connaît le secret de Simon, petit orphelin capable de prendre l'apparence de ceux qu'il touche. Quand Thomas est victime d'un accident, Simon le remplace sans prévenir qui que soit. Dix ans plus tard, Simon va “ressurgir“...
Du fantastique à la française ! C'est-à-dire héritier de la (bonne) littérature de la fin du XIXe siècle, du Horla de Maupassant, de L'Homme à l'oreille cassée d'About, de La Cafetière de Gautier — tous ces romans et nouvelles ayant profité du mouvement positivo-scientiste pour entrouvrir les volets du paranormal, pendant que Jules Verne conservait une rigueur toute cartésienne. Ici, point de pyrotechnie ni de super-héros en cape et collants, mais l'instillation perpétuelle du doute et de l'inquiétude : sur les visages, dans les regards, et même dans la douceur fluide des mouvements de caméra.
Conte fantastique, La Dernière Vie de Simon tient également de l'habile réflexion identitaire, métaphorisant la dualité intérieure que peut ressentir un enfant adopté — même si l'amour qu'il reçoit de sa famille d'accueil lui permet de développer avec ceux-ci un mimétisme parfait. Et il se prolonge d'un drame sentimental profond, aux échos douloureux lorsque Madeleine s'éprend de Simon sans savoir qu'il s'agit de son “faux“-frère, avant de basculer vers un pur mélo.
Pour son premier long-métrage, Léo Karmann relève le gant avec brio ; il peut partager ses lauriers avec sa distribution : son frère Martin, la magnétique Camille Claris ainsi que Benjamin Voisin. Déjà à l'affiche d'Un vrai bonhomme, qui joue d'une autre manière sur les codes du cinéma fantastique, il est indubitablement le jeune comédien à suivre en ce début d'année.
La Dernière Vie de Simon
Un film de Léo Karmann (Fr, 1h43) avec Benjamin Voisin, Camille Claris, Martin Karmann...