Le disque / Comme beaucoup d'autres artistes de la scène électronique, Flore laisse à ses sons le soin de porter sa voix. Sans parole ni chant, elle parvient à faire passer, au travers de son album, une myriade d'émotions nuancées, invoquées par des rituels entraînants.
Si la pudeur a tendance à enfouir nos émotions au plus profond de nos âmes, il est des rites qui peuvent les faire rejaillir spontanément. Comme un chaman le ferait, enveloppé de fumée et des échos de sa propre voix bouclée en litanies incessantes, Flore va chercher loin en elle ce qu'elle a de plus intime. Aphone, c'est à des rythmiques complexes, à des sons tantôt urbains, tantôt sauvages et à des basses souvent lourdes qu'elle confie la tâche de nous livrer ses émotions. Sa colère est aussi brute sur Numen que sa mélancolie est sincère sur You were there.
Jamais rassasiés, tous ces êtres de la faune électronique nous incitent à nous-mêmes plonger dans la transe, à fouiller en nous ce qu'il reste de viscéral, de non-dit. C'est peut-être là que repose le vrai tour de force de Rituals : parvenir, avec une base quasi exclusivement électronique, à offrir un ressenti si profondément organique. À écouter à fond. Et aphone.
Flore, Rituals (Polaar)