Disparition / On vient d'apprendre la disparition à 79 ans du cinéaste, scénariste et producteur Bertrand Tavernier, par ailleurs président de l'Institut Lumière depuis sa création en 1982. Une perte immense.
Né à Lyon en 1941, celui qui fut attaché de presse et critique avant de s'emparer de la caméra en 1964 pour son premier court-métrage, puis en 1973 pour son premier long L'Horloger de Saint-Paul, aura signé une des œuvres les plus prolifiques et éclectiques du cinéma français contemporain. Sans pour autant renier ses précurseurs à la différence de la génération précédente — Bertrand Tavernier n'hésitera pas à travailler avec les scénaristes Aurenche et Bost conspués par la Nouvelle Vague.
Touchant à tous les styles, du polar à l'anticipation en passant par le documentaire ; manifestant en homme engagé son amour pour le rétablissement de la justice sociale (L. 627, Histoires de vies brisées...), le jazz (Autour de minuit), le cinéma (l'extraordinaire Laisser Passer, Voyage à travers le cinéma Français), sa filmographie est émaillée de nombreux prix — il fut le premier récipiendaire du César du réalisateur en 1976 pour Que la fête commence et le remportera à nouveau en 1997 pour Capitaine Conan. Ours d'Or pour L'Appât en 1995 à Berlin, il avait été récompensé d'un Lion d'Or honorifique à Venise en 2015.
Terrible symbole pour ce cinéphile acharné, à la mémoire encyclopédique — et qui préparait avec son alter ego Jean-Pierre Coursodon (lui disparu le 31 décembre 2020 dernier) la nouvelle mise à jour de leur bible, 100 ans de cinéma américain — de tirer sa révérence alors que les salles sont toujours fermées, sans horizon de réouverture. Et quelques jours après que l'on vient de célébrer le 126e anniversaire du Cinématographe Lumière...
Nous reviendrons très vite plus longuement sur la riche et prolifique carrière de Bertrand Tavernier.