Histoire / Dans cette capitale mondiale de la gastronomie qu'est Lugdunum, immersion dans ce que mangeaient et cultivaient nos ancêtres les Romains et qui est toujours le socle de notre alimentation. Captivant !
Puisqu'en archéologie, on ne voit que ce qui reste, cette exposition propose des amphores (ce qui a été le plus retrouvé sur les sites fouillés), des moules en terre cuite (pour contenir le lait caillé), des ossements (prouvant que les Gaulois consommaient beaucoup de porc et que les Romains introduisent le bœuf), des ustensiles de cuisine et même un bas-relief de l'amphithéâtre voisin de l'Odéon représentant une abeille illustrant que la seule source de sucre (et élément de conservation) à l'époque était le miel.
À partir de ces éléments épars et colonne vertébrale du parcours, c'est un passionnant récit qui surgit de l'espace urbain d'antan reconstitué. Au marché, il est rappelé que les Romains consommaient local et qu'ils étaient connus pour leur charcuterie et les fromages, que l'huile d'olive était déjà abondamment produite dans ce qui est aujourd'hui l'Espagne, que l'on inventait le pain levé avec l'utilisation du froment, que manger des œufs était très usuel et que les Romains ont introduit dans la nourriture les poissons de la Méditerranée (et les huitres pour les plus fortunés !) quand jusque-là seuls ceux d'eau douce étaient pêchés.
C'est dans les vieux pots...
Plus loin, dans une taverne reconstruite, il est question de classes puisque ce lieu était un marqueur social réservé aux moins riches qui n'avaient pas de cuisine chez eux contrairement aux plus aisés qui se délectaient de banquets dans le triclinium (salle à manger) de leur "domus". Des ustensiles et mortiers des Iers et IIe siècles après JC attestent précisément qu'une taverne se trouvait à Lyon rue des Farges, jouxtant les thermes. Et si l'on y mange, l'on y boit aussi puisque le vin était une « boisson fondamentale dans bien des sociétés de l'Antiquité ».
Ainsi, se dessine une rétrospective sensible de nos ancêtres dont on peut emporter des recettes d'époque disponibles en libre-service afin de retrouver leurs saveurs : une sauce pour le poulet, des dattes farcies aux abricots et aux amandes ou encore des champignons au miel. Et surtout, le plaisir se prolonge en plongeant dans le très documenté et accessible ouvrage de l'exposition au titre irrésistible pourtant parfaitement anachronique, Une salade, César ? puisque, nous est-il rappelé d'emblée, la célèbre salade aurait été crée par un chef italien, aux États-Unis en 1924 et que Jules César n'y a jamais goûté !
Une salade, César ?
Au musée Lugdunum du mercredi 19 mai au samedi 31 juillet