À l'aube des années 1980, autour de Pigalle, entre Barbès et la place de Clichy. La faune de la nuit, les macs, les putes, les drogués, les paumés... Après la mort d'un petit dealer, abattu par la brigade des stups, trois amis (une serveuse de bar, un pasteur un brin magouilleur et un boxeur) tentent d'aider les clients qu'il laisse en carafe et en manque. Mais le monde de la “neige” n'est pas fait pour les saint-bernard...
Chronique d'un quartier et instantané d'une époque appelée à changer, Neige sent le présent dans toute sa labilité ; aussi use-t-il du polar pour mieux saisir cette fébrilité interlope entre néons tremblotants, murs lépreux, zincs polis et arrière-boutiques louches. Juliet Berto fait montre de stupéfiantes (sans jeux de mots) intuitions — en confiant la BO à Bernard Lavilliers, lequel injecte de la pure (rythmique) jamaïcaine dans la nuit parisienne —, mais aussi d'humilité en acceptant que son monteur Yann Dedet “explose” littéralement la construction par chapitres qu'elle envisageait au départ. Le résultat, c'est une interpénétration de tous les arcs narratifs, de tous les personnages, plus conforme à la vérité souterraine du quartier.
Présenté dans sa superbe copie restaurée cette semaine au Comœdia (dont une séance le mercredi 12 janvier à 20h30 en présence de Jane Roger), le film salue Juliet, Jean-François, le Paris de jadis. Manquerait plus qu'il neige...