Cinquante-deux ans et tous ses diamants. Il ne subsiste aujourd'hui que Delon de l'étincelante distribution du Cercle rouge, mais ce polar de Melville demeure aussi vivant qu'indémodable — ne chipotez pas sur les voitures, les vêtements ou la cosmétique technologique : l'intrigue, les relations entre les personnages, leurs non-dits et la réalisation d'une froide épure sont partis pour défier les siècles.
Histoire de casse et d'amitié taiseuse, de revanches personnelles, Le Cercle rouge s'impose comme le pendant “collectif“ et plus commercial du Samouraï (1967). Mais la substance humaine, voire métaphysique, reste identique : davantage qu'un affrontement entre truands et policiers, c'est à un jeu de go entre figures hiératiques rongées de l'intérieur que l'on assiste.
Entre le silence feutré tapissant les scènes d'action et la partition parfaite d'Éric Demarsan, l'image a rarement été aussi bien secondée par l'oreille dans un polar méritant d'être qualifié de modèle. Il entre même dans la programmation UGC Culte à l'occasion d'une séance le jeudi 30 juin à 20h à l'UGC Cité Internationale.