Petit précis de compréhension du déploiement de cette immense manifestation (de fragilité).
Sur fond de crise climatique, de guerres et de pandémie, mais aussi en pensant fortement aux minorités ou à notre simple condition de mortel, la 16e Biennale d'art contemporain rassemble des artistes autour du thème de la fragilité. Sam Bardaouol et Till Felrath l'ont divisée en trois chapitres : « Un mode d'une promesse infinie » (qui réunit onze lieux et les quelque 80 artistes internationaux invités, expositions dont nous vous parlons dans l'article ci-contre), et deux autres chapitres plus décalés, développés au Musée d'art contemporain de Lyon. Le premier « Beyrouth et les Golden Sixties » est une véritable exposition dans l'exposition (il s'agit d'ailleurs d'une expo itinérante qui a été présentée récemment à Berlin) sur deux étages du MAC, où l'on découvre une multitude d'artistes libanais des années 1960 et 1970.
Le second volet au MAC, « Les nombreuses vies et morts de Louise Brunet », est un parcours un peu bordélique (sur le mode du cabinet de curiosités), mêlant œuvres contemporaines et œuvres anciennes, qui part de la biographie réelle de la lyonnaise Louise Brunet (participant par exemple à la révolte des Canuts de 1834), avant de basculer dans la fiction et l'imaginaire. Qui trop embrasse mal étreint, dit la sagesse populaire. Et malgré leur intérêt et leur qualité, ces deux chapitres du MAC brouillent un peu la lisibilité de l'événement. Ce qui nous semble davantage réussi, c'est la dissémination de la Biennale dans des lieux inattendus (le Musée religieux de Fourvière, le musée romain Lugdunum, les espaces publics...), où le lien entre l'art et la ville, entre l'art contemporain et des publics et des contextes différents, devient alors très concret. Cette dissémination oblige aussi à (re)découvrir certains musées, et surtout... à prendre son temps !