De chaque côté de la place Sathonay viennent d'ouvrir deux échoppes : l'une de bugnes (Bugnes), l'autre de sandwichs (Miches). Visite groupée.
La rue du Sergent-Blandan s'étire de part et d'autre de Sathonay, cette petite place de terre battue qui accueille en son centre la statue d'un « héros de la conquête de l'Algérie »... Elle est encerclée de lieux où boire et manger : on pense à la brasserie homonyme ou au bistrot Bel Ami (même proprio), à Delicatessen, le comptoir à barbaque de Kadoc, qui jouxte le bar Super 5, on pense bien sûr au Bistrot Senor qui accueille Lyl Radio. La place est longée au sud par Blandan, rue qui a vu coup sur coup ouvrir deux nouvelles échoppes et c'est d'elles dont on veut parler ici.
Bugnes
La première se trouve à son extrémité — au croisement de la rue Terme, à quelques mètres de Chëf, le "meilleur kebab de France". On fut étonné, en voyant l'énorme enseigne en cours d'installation, de voir qu'elle indiquait Bugnes. Et que cette nouvelle boutique (façade bleu roi, grosses lettres dorées, buffet et armoire de grand-mère) se consacrerait donc... aux beignets lyonnais. L'ouverture ayant tout juste précédé mardi gras, on pensait à une échoppe éphémère, que nenni, les proprios ont bien l'intention de rester.
Ils (deux reconvertis, issus du cinéma et de la logistique) envoient déjà, à Fontaines, des pizzas au levain naturel et farines de blés anciens. L'idée, ici, c'est qu'il n'y a pas de raison valable de consommer des bugnes uniquement en hiver. On mange bien des churros dans les stations balnéaires, pourquoi pas des bugnes aussi sous le soleil. Ici, pas de jaloux, on y propose des plates et des rebondies, aux zestes de citron ou à la fleur d'oranger, voire nappées de chocolat et spéculos ou pralines roses. De notre côté, on vote pour les moelleuses : natures, bien dodues mais néanmoins fermes.
Miches
La même semaine que Bugnes, ou presque, une autre enseigne ouvrait à l'autre extrémité de la rue. On est dans un angle beaucoup moins commerçant de Sathonay, où l'on trouve le bar associatif Paradox, à côté de « la plus rebelle des radios », Canut, et en face d'un bar à jeux en cours de fermeture. C'est ici que ce sont installées les Miches, comptoir à sandwichs. Bien que la déco soit dans l'air du temps (néon rose, lampe Nesso, tabouret en céramique, suspensions cuivrées), de même que l'argot du menu (les sandwichs sont nommés la daronne, la moula, la badass, etc. ) et l'identité visuelle (des t-shirts sont déjà en vente), on peine à comprendre quelle histoire y est vendue.
Si "la narration" fut une donnée importante dans la restauration de ces dix dernières années (ne pas vendre que de la nourriture), peut-être que de crise en crise on est en train d'en revenir aux fondamentaux : proposer juste de quoi se sustenter. Ici, ce sont des paninis : une focaccia ou une ciabatta de boulanger, remplie d'une garniture froide, pour nous de bresaola, c'est-à-dire de fines tranches de bœuf séché, de straciattella, ce mélange de mozza et de crème fraiche, de pesto rouge, et d'une (étonnement hors-saison) compotée d'aubergines, parfaitement assaisonnée, enfin d'une poignée de roquette. Mélange presque parfait, à arroser d'une limonade bio. Et à faire suivre sur place d'un tiramisu en gobelet plastique, très mousseux, ou si l'on parcourt quelques mètres... d'une paire de bugnes.
Bugnes
42 rue Sergent-Blandan, Lyon 1er
De 11h (10h le w-e) à 19h, fermé les lundi et mardi
3€ les 3 bugnes moelleuses, 10, 50€ les cinq "bugnies" au chocolat
Les Miches
19 rue Sergent Blandan, Lyon 1er
De 8h30 à 18h30, fermé le dimanche
8, 50€ le sandwich, 12, 90€ la formule