Opéra / Barbara Wysocka met en scène l'un des joyaux lyriques de Leos Janacek, "Katia Kabanova". Un siècle après sa composition, cet opéra n'a rien perdu de ses vertus émancipatrices, tant musicales qu'existentielles.
Auteur méconnu de neuf opéras en langue tchèque, Leos Janacek (1854-1928) est peu mis en scène en France (même si l'on se souvient d'une production très réussie de sa Petite Renarde rusée à l'Opéra de Lyon, il y a une dizaine d'années). Sa musique en général ne sera largement reconnue que tardivement, redécouverte dans les années 1950. Jusque-là ses rythmes atypiques et ses orchestrations éclatées étaient considérés comme maladroits ! Aujourd'hui, on en apprécie les couleurs et les élans joyeux.
Bref, le compositeur tchèque donne beaucoup mais n'est pas toujours payé de retour. Comme ce sera le cas en amour aussi : en 1917, à 63 ans, il tombe éperdument amoureux de Kamila Stosslova, 26 ans, qui ne l'aime pas. Il lui écrit pas moins de 700 lettres et fait d'elle sa muse pour nombre de ses œuvres, dont son opéra Katia Kabanova, composé entre 1919 et 1921.
Figure de résistance
L'opéra se situe dans une petite ville russe particulièrement puritaine où chez les Kabanova, la belle-mère de Katia règne en despote... La jeune femme cherche à s'en libérer, à travers notamment une passion adultère pour un certain Boris.
La jeune metteuse en scène polonaise Barbara Wysocka, aux multiples facettes (actrice, violoniste, vidéaste...), a choisi de faire de Katia Kabanova une figure de femme forte à travers ses fragilités, et de l'opéra un récit d'émancipation. « La résistance de Katia aux normes de genre, sa critique de la société patriarcale et ses relations avec d'autres femmes font d'elle un personnage complexe et fascinant. Ainsi, cet opéra semble nous donner la possibilité de s'échapper des récits patriarcaux que l'opéra nous sert généralement » écrit Barbara Wysocka dans ses notes d'intention.
Leos Janacek, Katia Kabanova
À l'Opéra de Lyon du vendredi 28 avril au samedi 13 mai